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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 181 —<br />

les assiégés reviennent à la charge, et de malheureux soldats,<br />

noirs comme des nègres, aveuglés par la poudre, se<br />

montrent les bras ouverts en poussant d'affreux hurlements.<br />

Le colonel de Lamoricière est aveuglé, presque<br />

tous les officiers sont hors de combat, les soldats, décimés<br />

et sans direction, n'avancent plus, l'assaut va man-<br />

quer.<br />

A cet instant, l'héroïque colonel Combes coupe court à<br />

toutes les hésitations, et lance les voltigeurs du 47° en<br />

avant, dans la direction de la maison de Ben-Aïssa; de<br />

petites colonnes arrivent combler les vides, et tout le<br />

monde se précipite en avant au cri de : A la baïonnette !<br />

Les Arabes perdent du terrain ; on les suit en passant<br />

de masures en masures et on les extermine sans pitié.<br />

Le colonel Combes est atteint de deux balles, à la poitrine.<br />

Ce héros donne encore quelques ordres : soutenu<br />

par un de ses sapeurs, il a le courage de revenir jusqu'à<br />

la batterie de brèche où se trouvent le duc de Nemours et<br />

le général Valée, pour rendre compte de la situation.<br />

« Ceux qui. ne sont pas blessés mortellement, ajoutet-il<br />

ensuite, pourront se réjouir d'un aussi beau succès ;<br />

pour moi, je suis heureux d'avoir encore pu combattre<br />

pour le roi et pour la France. »<br />

Alors seulement on s'aperçoit qu'il est blessé. Le prince<br />

et le général en chef se précipitent vers lui ; doucement il<br />

les écarte, puis, calme et impassible, regagne son bivouac,<br />

s'y couche et meurt une heure après.<br />

Avec des hommes de cette trempe, que n'entreprendrionsnous<br />

pas ? Dans l'armée française, officiers et soldats<br />

savent mourir en braves. Le colonel Combes était un des<br />

dignes chefs de ces incomparables soldats qui renouvelèrent<br />

à Constantine les sanglants exploits de Saragosse.<br />

Non, la France ne dégénère pas, et le général Valée, le<br />

vieux guerrier des luttes du Premier Empire, avait plus<br />

tard raison de dire, en parlant de la journée du 13 octobre<br />

1837 :

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