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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 153 —<br />

Au contraire, Baude eut une attitude lamentable ; il osa<br />

conseiller au maréchal de s'échapper pendant la nuit, d'abandonner<br />

tout le matériel pour alléger l'armée et de partir<br />

en avant avec la cavalerie en laissant l'infanterie se débrouiller<br />

comme elle pourrait. Le maréchal ayart répondu<br />

par un geste de mépris écrasant, le tribun se mit à courir<br />

de groupe en groupe ; il alla d'abord aux artilleurs qui,<br />

avec un remarquable dévouement, s'étaient attelés à leurs<br />

pièces, se jugeant déshonorés s'ils les laissaient entre les<br />

mains de l'ennemi, et les exhorta à jeter ces pièces dans<br />

les ravins; le colonel de Tournemine menaça de le cravacher.<br />

L'infortuné député, s'approchant de l'infanterie, criait<br />

aux soldats d'une voix larmoyante :<br />

« Dieu est miséricordieux, il nous sauvera. »<br />

Il passa en gémissant ainsi à côté du duc de Nemours,<br />

qui le traita de lâche.<br />

Le duc de Nemours rivalisait de bravoure et de calme<br />

avec le maréchal Clauzel. Celui-ci avait réussi à sauver sa<br />

calèche, dans laquelle prirent place le général Trézel blessé<br />

grièvement et le colonel Lemercier mourant. Le prince, très<br />

souffrant depuis Bône, refusa obstinément d'y monter. II<br />

n'avait plus de bagages, souffrait du froid, et ne cessait<br />

d'aller d'un groupe à l'autre de soldats, pour les encourager.<br />

Devant toute la troupe, il embrassa deux officiers<br />

supérieurs du 62° qui conduisaient par la bride leurs chevaux<br />

abandonnés à des blessés.<br />

Que dire encore ? La retraite de Constantine coûta à l'armée,<br />

outre les hommes tués en combattant, sept cents<br />

hommes morts de misère. Mais la détente qui suit toujours<br />

des émotions terribles coûta la vie à bien d'autres. Trois<br />

mille hommes sur six mille entrèrent à l'hôpital de Bône,<br />

et sur ces trois mille hommes, quinze cents moururent.<br />

Le malheur de l'armée n'était pas encore assez complet :<br />

le magasin à poudre de la Casbah de Bône sauta, et l'explosion<br />

fit périr cent huit hommes du 17° léger et du 1er bataillon<br />

d'Afrique; deux cents autres furent mutilés.

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