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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 27 —<br />

de saint Vincent de Paul, pris par les corsaires barbaresques<br />

et conduit à Alger où il étudia les misères des esclaves<br />

en les éprouvant lui-même, est resté populaire.<br />

Le rachat des captives s'opérait de trois manières : ou<br />

par d'entremise des frères de la Merci ou de la Sainte-Trinité<br />

qui rachetaient avec le produit des quêtes destinées à<br />

cette oeuvre ; ou directement par les familles elles-mêmes ;<br />

ou bien encore, mais plus rarement, par l'Etat auquel appartenaient<br />

les malheureux esclaves. La rançon était toujours<br />

arbitraire et atteignait parfois des chiffres fort élevés.<br />

L'effroyable tribut de chair humaine que l'Europe payait<br />

de la forte aux pirates <strong>algériens</strong> était la principale source<br />

des revenus du dey d'Alger. Pendant près de quatre siècles,<br />

ce tribut fut un tribut de sang ; au commencement du dixneuvième<br />

siècle, ce tribut avait été peu à peu converti en<br />

tribut d'argent comme nous l'avons dit plus haut.<br />

Il y avait, au temps de Charles-Quint et même un ou<br />

deux siècles plus tard, vingt-cinq à trente mille esclaves à<br />

Alger ou aux environs. Ils étaient divisés par catégories.<br />

Les capitaines des navires capturés, leurs officiers, les<br />

passagers de marque, formaient une première classe présumée<br />

rachetable. Les hommes étaient employés comme<br />

domestiques, les femmes servaient de femmes de chambre<br />

dans les harems, les enfants, que l'on s'efforçait de convertir,<br />

étaient mêlés d'habitude aux enfants des maîtres. Il<br />

est bien entendu que ces derniers, lorsqu'ils espéraient des<br />

captifs une forte rançon, les traitaient avec une brutalité<br />

révoltante et leur donnaient toutes les facilités pour transmettre<br />

leurs doléances en Europe ; la brutalité devenait<br />

spéculation. En outre, la position des jeunes femmes, des<br />

jeunes filles, des ieunes garçons, était extrêmement pénible<br />

dans une population perdue de moeurs.<br />

La deuxième classe était formée de matelots ou de pauvres<br />

diables présumés trop pauvres pour être rachetés.<br />

On les vendait à l'encan au bazar, où on examinait soi-<br />

gneusement leur force, leur santé, et leur dentition;

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