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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 270 —<br />

digne des martyrs de la chrétienté et des grands hommes<br />

de l'histoire ancienne et moderne! » (1)<br />

Quelquefois les prisonniers qui abjuraient le christianisme<br />

étaient enrôlés dans les troupes régulières d'Àbd-el-Kader,<br />

sans qu'on daignât, bien entendu, leur demander leur consentement.<br />

Quant aux colons renégats, ils étaient envoyés<br />

dans l'intérieur, à Tegdempt, à Thaza ou à Boghart, où ils<br />

travaillaient.<br />

Les abjurations étaient assez rares parmi nos soldats.<br />

Le 23 mai 1842, trente hommes commandés par un officier<br />

furent attirés dans une embuscade aux environs de la Maison-Carrée,<br />

et massacrés impitoyablement parce qu'ils refusaient<br />

de se rendre et d'abjurer. Parmi les assaillants,<br />

chose triste à dire, se trouvaient dix déserteurs de la légion<br />

étrangère, tous Allemands, dont la cruauté dépassa celle<br />

des Arabes. Un seul des nôtres, nommé Vagner, couvert de<br />

blessures, fut emmené en captivité. Il réussit à s'évader, et<br />

. fut rencontré mourant de faim et de fatigue par une patrouille<br />

française, aux environs du camp de l'Harrach. Il<br />

raconta que ses malheureux camarades étaient tombés<br />

presque tous à la fois. Vagner ajouta que, blessé et étendu<br />

à terre, il avait vu son officier et le tambour, restés seuls<br />

debout, refuser la vie que les ennemis leur offraient s'ds<br />

voulaient embrasser l'islamisme, et succomber aussitôt percés<br />

de coups.<br />

Une autrefois un prisonnier avait consenti à prononcer la<br />

formule d'abjuration, qui pour lui n'était qu'une parole vide<br />

de sens. Il lui restait à recevoir la tonsure usitée chez les<br />

musulmans ; mais à ce moment il sentit la honte de l'apostasie,<br />

et résista. On lui dit de réfléchir : « Coupez-moi<br />

la tête si vous voulez, s'écria-t-il ; je suis né chrétien et les<br />

soldats français ne sont pas des hypocrites. » Il fut immédiatement<br />

décapité.<br />

Un ouvrier français, du nom de Beauprêtre, surpris près de<br />

(1) Spectateurmilitaire, 1885. « Souvenirs», par l'intendantgénéralWolf.

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