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E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

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— 263 —<br />

mains un certain nombre d'Arabes que nous traitions avec<br />

bonté ; par contre, ceux des nôtres, soldats ou colons que<br />

les indigènes avaient pris étaient traités avec la dernière<br />

rigueur. C'est en vain que beaucoup d'indigènes avaient<br />

été relâchés par nous dans l'espérance qu'Abd-el-Kader<br />

userait de réciprocité ou du moins adoucirait le sort de<br />

nos compatriotes. Au début de la conquête, les Arabes<br />

tuaient de sang-froid tous les Français qu'ils pouvaient atteindre.<br />

L'émir entreprit de mettre fin à cette boucherie ; il<br />

songea à la possibilité des échanges, et, après avoir imposé<br />

sa volonté à ses réguliers, il l'imposa à la grande majorité<br />

des tribus.qui combattaient pour lui. Celles-ci peu à peu se<br />

mirent à faire des prisonniers : il leur était rigoureusement<br />

prescrit de ne tuer que ceux, des nôtres qui se défendaient<br />

à outrance.<br />

Le moyen dont Abd-el-Kader se servit pour amener ses<br />

réguliers à se départir de l'usage immémorial de mutiler,<br />

fut aussi simple qu'expéditif, car inutile d'ajouter qu'il ne<br />

promulguait pas d'ordres écrits. Un régulier étant venu un<br />

jour lui présenter la tête d'un soldat français, il lui demanda<br />

si l'homme à qui elle appartenait était mort quand on l'avait<br />

décapité.<br />

Le régulier répondit affirmativement.<br />

« Tu recevras deux cent cinquante coups de bâton pour<br />

avoir contrevenu à mes défenses ; tu apprendras qu'un mort<br />

n'étant l'ennemi de personne, il y a lâcheté barbare à le mutiler.<br />

»<br />

La bastonnade terminée, le soldat, passablement meurtri,<br />

pensait en être quitte et se préparait à regagner sa tente.<br />

Abd-el-Kader l'arrêta par cette question :<br />

« Pendant que tu coupais la tète à cet homme, où était<br />

ton fusil?<br />

» — Je l'avais posé à terre, répondit l'Arabe.<br />

» — Deux cent cinquante autres coups de bâton pour<br />

avoir abandonné ton arme pendant le combat. »<br />

Après cette deuxième bastonnade, le patient ne pouvait

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