11.05.2013 Views

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

E. Perret : récits algériens 1830-1848 - Accueil

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— 394 —<br />

colonel n'avait pas le loisir d'attendre que la famine<br />

poussât ces fanatiques hors de leur retraite, il donna l'ordre<br />

de couper des fascines et de les entasser entre les<br />

fissures des rochers qui surmontaient les grottes. Ensuite,<br />

à plusieurs reprises, il prévint les Ouled-Riah qu'il allait<br />

faire mettre le feu aux fascines. Ce fut en vain : nos parlementaires<br />

furent toujours reçus à coups de fusil. Alors<br />

lé colonel Pélissier exécuta sa menace, et, convaincu que<br />

les Ouled-Riah se soumettraient, disposa sa troupe de<br />

façon à cerner les avenues conduisant aux grottes, pour<br />

s'emparer des Arabes que la fumée chasserait au dehors.<br />

Les fascines, composées de bois vert, dégageaient une<br />

fumée acre qui, entraînée par le vent, s'engouffrait partout.<br />

De longues heures s'écoulèrent, durant lesquelles aucun<br />

Kabyle ne se montra ; seulement on entendait confusément,<br />

dans l'intérieur, comme le bruit d'une lutte, accompagnée<br />

de gémissements. C'étaient évidemment les gens fanatisés<br />

par Bou-Maza, qui empêchaient les autres de se rendre.<br />

Enfin le lendemain, tout, dans le voisinage, était silencieux<br />

comme un sépulcre. La fumée avait disparu, mais sans<br />

laisser derrière elle aucun être vivant. Pénétrant alors dans<br />

les grottes, nos soldats y trouvèrent, gisant sur la terre<br />

humide, huit cents cadavres d'hommes, de femmes et<br />

d'enfants, confondus avec des milliers de chèvres et de<br />

moutons, asphyxiés comme leurs maîtres.<br />

« Terrible, mais indispensable résolution, écrivait à son<br />

frère le colonel Saint-Arnaud. Pélissier a employé tous les<br />

moyens, tous les raisonnements, toutes les sommations ; il<br />

a dû agir de rigueur. J'aurais été à sa place, j'en aurais<br />

l'ait de même ; mais je préfère que ce lot lui soit tombé<br />

plutôt qu'à moi. Les journaux philanthropes ne vont pas<br />

manquer de s'emparer de ce fait pour attaquer encore l'armée<br />

d'Afrique... Je voudrais bien que vos journalistes de-<br />

Paris fissent campagne avec nous ! »<br />

Effectivement, le déchaînement contre le colonel Pélissier<br />

fut universel; personne ne voulait comprendre comment des

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!