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BELLE-ROSE

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un maraîcher ; il prend son cheval, l’enfourche, le pique avec la<br />

pointe de son épée, et part au grand galop !… Le brigadier a le<br />

coup de poing sur l’estomac !… Un autre soldat l’imite… puis un<br />

autre aussi… Trois soldats à cheval contre un homme à pied !…<br />

il est perdu ! Ah ! il les a entendus… le voilà qui entre dans les<br />

terres labourées… ce n’est pas sot ! les chevaux sont lourds… ils<br />

enfonceront… Bien ! ils ne vont déjà plus si vite !… Et lui le<br />

pauvre garçon file comme une perdrix… il saute les ruisseaux…<br />

Tiens ! où veut-il aller … Ah ! il a songé au bois ! et il a, ma foi,<br />

bien raison !… Il approche… il y touche… il entre… disparu !<br />

Quand Belle-Rose eut pénétré dans le bois, il courut quelques<br />

instants encore, jusqu’à ce qu’il entendît le bruit des chevaux<br />

galopant sur la lisière. Se jetant alors de côté, il fit une centaine<br />

de pas, et se blottit sous un fourré, le nez en terre, comme<br />

un lièvre. Bouletord et ses deux acolytes arrivèrent poussant<br />

leurs montures à coups de plat de sabre ; en cet endroit le sentier<br />

bifurquait. Le brigadier prit à droite, les soldats prirent à<br />

gauche, et trois minutes après le bruit de leur course se perdait<br />

dans l’éloignement. Belle-Rose, tranquille de ce côté, et voulant<br />

éviter la poursuite des gens de la maréchaussée à pied, qui ne<br />

manqueraient pas de fouiller le bois, se releva, et courut droit<br />

devant lui par le taillis. Un mur se rencontra sur son chemin, il<br />

le franchit. Au bout d’un quart d’heure, il se trouva sur le bord<br />

d’une avenue que coupait une rivière sur laquelle on avait jeté<br />

un pont. Une grille la fermait d’un côté, un grand château<br />

s’élevait à l’autre extrémité. Belle-Rose avança la tête ; il ne vit<br />

rien et n’entendit rien. Décidément la maréchaussée s’était<br />

fourvoyée. Il entra dans l’avenue et marcha vers le château. Il<br />

avait à peine fait une vingtaine de pas, qu’il aperçut à quelque<br />

distance une dame à cheval et derrière elle un domestique en<br />

livrée. La dame paraissait lire une lettre que le laquais venait<br />

sans doute de lui remettre. À l’écume qui blanchissait son mors<br />

et son cou, on pouvait croire que le cheval du valet avait fourni<br />

une longue course, tandis que celui de la dame, fringant et vif,<br />

semblait impatient de partir. La dame, qui paraissait jeune et<br />

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