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BELLE-ROSE

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tion quelques-unes des îles hollandaises. La Suède est ramenée<br />

à prix d’argent, et du côté de l’Allemagne, Louis XIV conclut des<br />

traités de neutralité ou de ligue offensive avec les évêques<br />

d’Osnabruck et de Munster, l’électeur de Cologne et le duc de<br />

Brunswick-Lunebourg.<br />

L’infatigable activité de Louvois, qui ne laissait pas d’être<br />

un grand ministre, malgré ses défauts, avait porté l’armée à cent<br />

quatre-vingt mille hommes ; on ne l’avait jamais vue si forte et<br />

si bien organisée ; il l’avait pourvue d’un formidable instrument<br />

de mort, la baïonnette, et la discipline la plus sévère régnait<br />

parmi les troupes. Quant aux généraux, c’étaient les mêmes qui,<br />

en 1668, avaient conquis toute la Flandre espagnole en deux<br />

mois : Créqui, Turenne, Condé, Grammont, Luxembourg. Colbert<br />

avait porté le nombre des vaisseaux de haut bord à cent ; le<br />

magnifique bassin de Brest était creusé, et l’habile ministre<br />

avait créé quatre autres arsenaux de marine : Rochefort, Le Havre,<br />

Dunkerque et Toulon. Tout était prêt pour la guerre, la<br />

France avait la main sur la garde de son épée. Cependant la Hollande,<br />

confiante dans ses lagunes et dans ses digues, laissait<br />

tomber en ruine ses places fortes démantelées ; le parti des républicains<br />

rigides l’emportait ; les deux frères de Witt et le<br />

grand Ruyter, qui ne voyaient qu’une île dans la Hollande, gouvernaient,<br />

et ne songeant qu’à la mer, dédaignaient l’armée,<br />

composée au plus de vingt-cinq mille mauvais soldats. À toute<br />

heure des régiments français s’acheminaient vers les places<br />

frontières où l’incendie allait s’allumer. Arras, Béthune, Le<br />

Quesnoy, Landrecies, Maubeuge, Saint-Pol, Saint-Omer étaient<br />

encombrées de troupes. Des milliers de gentilshommes accouraient<br />

de tous les points de la France, jaloux de faire leurs premières<br />

armes sous un prince qui pouvait dire : L’État, c’est moi.<br />

Quelque chose de tous ces bruits arrivait aux oreilles de Belle-<br />

Rose, que le sentiment de son inaction écrasait ; il demandait<br />

partout et en toute occasion des détails sur les préparatifs qui<br />

donnaient au royaume l’apparence d’une grande ruche guerrière.<br />

M. de Pomereux, qui le visitait parfois dans sa retraite, lui<br />

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