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BELLE-ROSE

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de Belle-Rose. Maîtresse, il l’eût peut-être moins pleurée qu’il la<br />

pleurait amie. Cette pauvre pécheresse que l’amour avait abattue<br />

et que l’amour avait transfigurée lui était restée fidèle et dévouée<br />

malgré tout et toujours. Il lui devait le repos et la joie de<br />

sa vie, et sa mort même était encore un sacrifice. Suzanne, qui<br />

avait appris à l’aimer, la pleurait comme une sœur. C’était dans<br />

toute l’abbaye un deuil funèbre ; et quand la nouvelle de sa fin<br />

se répandit dans les campagnes, les vieux et les jeunes, les mères<br />

et les enfants accoururent pour voir celle qui avait été compatissante<br />

et bonne à tous. On exposa le corps de Geneviève<br />

dans une chapelle ardente, couverte de ses habits de religieuse,<br />

la croix abbatiale sur la poitrine et les mains jointes, et ce furent<br />

durant trois jours des gémissements et des pleurs à croire que la<br />

Providence s’était retirée de ce pauvre monde affligé. Quand la<br />

cérémonie funèbre fut achevée, Belle-Rose prit avec lui Suzanne,<br />

Claudine et les deux enfants et les ramena au logis qu’ils<br />

occupaient au parc avant son départ, et durant toute la journée<br />

on fut triste et silencieux. La Déroute et Grippard eux-mêmes,<br />

qui naguère encore n’avaient pas assez de toute leur langue pour<br />

dire tout ce qui leur passait par la tête, restaient muets. Vers le<br />

soir, au moment où Suzanne allait quitter l’appartement, Belle-<br />

Rose la prit dans ses bras et l’embrassa au front. Il était grave et<br />

recueilli.<br />

– Allez, lui dit-il, et cherchez quelque repos auprès de ces<br />

deux enfants qui sont à vous. Demain, au point du jour, je vous<br />

ramènerai à l’hôtel de la rue de Rohan, vous et Claudine. Votre<br />

place est désormais à Paris.<br />

– Et la vôtre, Jacques répondit Suzanne, qui avait dans<br />

ses bras sa fille, et sous sa main son fils d’adoption.<br />

– La mienne est à l’armée tant qu’il me restera assez de<br />

force pour tenir une épée. J’irai rejoindre M. de Luxembourg et<br />

M. de Nancrais, et avec moi j’emmènerai Gaston.<br />

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