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BELLE-ROSE

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Hussen, l’autre à Borgschott, et le troisième à Tolhus. Derrière<br />

ces trois camps s’étendait un pays sablonneux, semé de digues<br />

et tout coupé de haies et de fossés. Des partis de cavaliers rôdaient<br />

à toute heure sur le rivage, épiant les opérations des<br />

troupes françaises, qui n’avaient pour s’introduire au cœur de la<br />

Hollande que l’espace compris entre Arnhem et le fort de<br />

Schenk. Plus haut, c’était le Wahal, rapide comme un torrent ;<br />

plus bas, il y avait un rempart de villes fortes. Durant la nuit qui<br />

précéda l’arrivée du roi, Belle-Rose se leva et sortit de sa tente.<br />

Mais il le fit avec une si grande prudence que la Déroute, qui<br />

sommeillait dans un coin, ne l’entendit pas. Quand il fut à quelques<br />

pas de sa tente, Belle-Rose tira son cheval par la bride, enveloppa<br />

ses sabots de linges et s’éloigna du camp. Après qu’il<br />

eut dépassé la dernière sentinelle, il partit au galop dans la direction<br />

du fleuve. Les pieds emmaillotés du cheval frappaient la<br />

terre sans bruit. On voyait sur l’autre rive les feux des bivouacs<br />

hollandais et l’on entendait au milieu du silence de la nuit les<br />

cris des vedettes qui se répondaient. L’eau du Rhin filait avec un<br />

sourd frémissement. Belle-Rose poussa sa monture à bord du<br />

fleuve et en suivit lentement les sinuosités, le corps penché en<br />

avant. Il y avait déjà trois ou quatre heures qu’il avait quitté le<br />

camp, lorsqu’un coup de canon réveilla le sergent en sursaut. La<br />

Déroute ouvrit les yeux et regarda autour de lui ; il n’y avait personne<br />

dans la tente, si ce n’est Grippard, qui ronflait dans son<br />

manteau. Cornélius était dans ce moment auprès de<br />

M. de Nancrais. Un autre coup de canon tira la Déroute de son<br />

immobilité léthargique ; il sauta sur ses pieds, et, laissant dormir<br />

Grippard, il s’élança hors de la tente. Une douzaine de détonations<br />

qui éclatèrent sur l’autre rive le firent courir du côté<br />

du Rhin, ne doutant plus que Belle-Rose n’eût, pour quelque<br />

entreprise incertaine, porté ses pas dans cette direction. Comme<br />

il approchait du bord, il vit un homme à cheval qui s’avançait<br />

vers lui au petit galop. La Déroute reconnut Belle-Rose malgré<br />

la nuit.<br />

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