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BELLE-ROSE

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– Je me tais et mets M. de Verval à vos ordres.<br />

– C’est un moyen de sauver Belle-Rose.<br />

Belle-Rose comprit ; les laquais pouvaient tout à leur aise<br />

causer de M. de Verval. Jamais, sous le nom du gentilhomme,<br />

Bouletord et la maréchaussée ne flaireraient le sergent<br />

d’artillerie. Durant une absence que fit M me de Châteaufort,<br />

M. de Verval, ou Belle-Rose, comme on voudra, rendu à ses<br />

souvenirs solitaires, vit se dresser dans son âme l’image sereine<br />

de Suzanne ; auprès d’elle passèrent les ombres attristées de<br />

Claudine, de M. d’Assonville, de M. de Nancrais, de Cornélius<br />

Hoghart. La voix de sa conscience cria dans la solitude ; il rougit<br />

de son repos et de cette fiévreuse oisiveté qui l’attachait près<br />

d’une femme quand le soin de son bonheur l’appelait à Laon, et<br />

plein de trouble, il prit la résolution de rompre les liens nouveaux<br />

où s’enchaînait sa liberté. Quelques mots écrits à la hâte<br />

instruisirent Claudine et Cornélius des événements qui avaient<br />

suivi son départ de Paris et du parti qu’il venait d’arrêter. Il<br />

confia ses lettres à un laquais, avec prière de les porter en toute<br />

hâte au logis de M. d’Albergotti. Trois ou quatre louis<br />

l’assurèrent de la diligence du valet, et il attendit le retour de<br />

M me de Châteaufort pour lui déclarer sa volonté de partir sur<br />

l’heure. Cette attente fut longue, inquiète, tourmentée. Belle-<br />

Rose sentait qu’il n’avait point trop de tout son courage pour<br />

soutenir la vue de Geneviève, et dans la connaissance qu’il avait<br />

du trouble que la présence de cette nouvelle amie jetait dans son<br />

âme, il se demandait s’il ne ferait pas mieux de s’éloigner sans<br />

lui parler. La crainte de l’offenser l’arrêta ; étrange pensée au<br />

moment où il se décidait à la fuir pour toujours !<br />

M me de Châteaufort rentra très tard ce jour-là ; minuit venait de<br />

sonner quand les grilles du parc s’ouvrirent, et avant que Belle-<br />

Rose pût lui parler, elle passa dans ses appartements. Le sergent<br />

remit donc sa confidence et son départ au lendemain. Si l’on<br />

avait pu descendre jusqu’au fond de son cœur, peut-être aurait-<br />

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