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BELLE-ROSE

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de la maréchaussée, promit de tenir les chevaux sellés et bridés<br />

à l’entrée de la nuit dans un lieu qu’on lui désigna proche du<br />

couvent, et chacun se prépara à payer de sa personne. Cependant,<br />

la Déroute coula dans ses poches deux pistolets dont il<br />

était sûr comme de lui-même, et passa sous son habit un poignard<br />

qu’il avait eu plus d’une fois l’occasion de manier. Il était<br />

un peu pâle et ses sourcils étaient froncés.<br />

– Au demeurant, se dit-il, il faut en finir ; le véritable Ambroise<br />

Patu peut revenir d’un instant à l’autre ; la place n’est<br />

plus bonne pour personne.<br />

Le soir vint. La Déroute sortit de son logis et traversa le potager.<br />

Il avait remarqué, le jour de son entrée au couvent, un tas<br />

de baraques en bois vermoulu qui servaient de hangars et où<br />

l’on serrait toutes sortes de vieux meubles, avec de la paille et<br />

du foin pour la nourriture de trois ou quatre vaches<br />

qu’entretenaient les religieuses. Il y avait là de vieilles futailles,<br />

des amas de planches pour les réparations, et la provision de<br />

bois pour les cuisines. Ces baraques étaient éloignées de cinquante<br />

toises du corps de logis principal. La Déroute s’y rendit<br />

tout droit en homme qui a pris bravement son parti, et<br />

s’accroupit dans un coin. Il tira de sa poche un briquet, alluma<br />

un bout d’amadou, le glissa sous un tas de copeaux et se mit à<br />

souffler de tous ses poumons ; deux minutes après, une flamme<br />

vive s’élança du milieu du foyer ; la Déroute poussa du pied<br />

quelques planches, renversa deux ou trois bottes de paille et<br />

sortit gravement en tirant la porte sur lui. Il n’était pas au bout<br />

de l’avenue que la fumée sortait par toutes les issues ; le pétillement<br />

du feu se mêlait au craquement des baraques. Quand il<br />

se retourna, il vit un jet de flammes s’élancer du toit calciné ; la<br />

porte se fendit, l’air s’engouffra dans le bâtiment, et l’incendie<br />

serpenta le long des hangars. La Déroute se mit à courir de toutes<br />

ses forces vers le couvent en criant à tue-tête :<br />

– Au feu ! au feu !<br />

– 519 –

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