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BELLE-ROSE

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XXI<br />

LE BIEN ET LE MAL<br />

C’était vers la fin du mois de mai. Louis XIV, accompagné<br />

de Monsieur, venait de prendre le commandement suprême des<br />

troupes réunies en Flandre. Il voulait voir, et bien plus encore se<br />

faire voir. Toute sa maison l’avait suivi, les compagnies des gardes<br />

du corps et les mousquetaires, et il n’était pas un seul gentilhomme<br />

en France qui n’eût tenu à honneur de combattre sous<br />

ses yeux. Tous les fils des meilleures maisons qui n’avaient<br />

point de grade dans l’armée étaient partis en qualité de volontaires,<br />

et c’était partout un flot de magnifiques cavaliers qui appelaient<br />

la bataille de tous leurs vœux. L’entrée du roi au camp<br />

fut saluée de mille acclamations. Les soldats portaient leurs<br />

chapeaux au bout des fusils, et le cri de : Vive le roi ! roulait<br />

comme un tonnerre de Pandelon à Marsenal. Tous les régiments<br />

étaient sous les armes, et mille pavillons flottaient sur les<br />

tentes. Quand le roi approcha du Châtelet, où était casernée<br />

l’artillerie, Belle-Rose sentit son cœur battre à coups pressés. Il<br />

n’avait jamais vu le roi, et le roi, à cette époque, était tout.<br />

C’était Dieu sur le trône de France. Toute grâce émanait de lui,<br />

et sa grande renommée lui faisait une auréole qui éblouissait.<br />

On le savait maître de la paix et de la guerre ; la Hollande,<br />

comme une victime vouée à sa colère, frémissait à chacun de ses<br />

pas ; l’Espagne était toute saignante des blessures qu’il lui avait<br />

faites ; l’empire d’Allemagne s’épouvantait de son ambition. Il<br />

était au milieu de l’Europe comme une torche ou comme un<br />

phare, splendide dans le repos, terrible dans l’agitation. Maître<br />

de lui autant que des autres, Louis XIV avait d’ailleurs ce grand<br />

air royal qui frappait tout à la fois de crainte et de respect. On<br />

– 256 –

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