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BELLE-ROSE

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larmes de bonheur à croire que les deux amies allaient devenir<br />

folles. Le matin les surprit comme elles étaient encore occupées<br />

à mêler ces doux rêves, quand tout à coup le lourd marteau de la<br />

porte tomba sur le bouton de fer. Les deux amies tressaillirent<br />

et se pressèrent l’une contre l’autre, toutes tremblantes déjà. Un<br />

laquais vint avertir M me d’Albergotti qu’un officier de la maison<br />

de M. de Louvois était en bas, qui demandait à lui parler. Suzanne<br />

et Claudine pâlirent, Claudine surtout, pour qui le nom<br />

du ministre était comme le symbole de la puissance inexorable<br />

et de la vengeance opiniâtre. Mais Suzanne lui pressa la main.<br />

– M. de Louvois sait tout, mais Belle-Rose est hors<br />

d’atteinte. Debout, Claudine, et faisons voir à cet officier que la<br />

fiancée et la sœur d’un officier n’ont point peur.<br />

L’envoyé de M. de Louvois fut introduit et pria<br />

M me d’Albergotti de vouloir bien le suivre sur-le-champ chez son<br />

maître.<br />

– C’est pour une affaire, dit-il, qui ne souffre aucun retard.<br />

– Je me doute un peu de ce que ça doit être, lui répondit<br />

Suzanne, et je suis prête à vous suivre.<br />

Un carrosse était à la porte aux armes de M. de Louvois,<br />

Suzanne y monta et le cocher partit. Les chevaux allaient d’un<br />

train à prouver que les ordres du secrétaire d’État étaient précis.<br />

On arriva à l’hôtel du ministère en cinq minutes ; l’officier<br />

conduisit M me d’Albergotti à l’appartement de M. de Louvois et<br />

l’annonça. M. de Louvois allait et venait dans son cabinet, les<br />

lèvres serrées, les yeux étincelants ; il s’arrêtait de temps à autre<br />

devant la cheminée pour boire à même d’un grand pot plein<br />

d’eau, car il avait déjà contracté cette habitude, qui, vingt ans<br />

plus tard, devait lui coûter la vie. Au nom de M me d’Albergotti il<br />

se tourna vivement vers la porte et fit trois pas vers la jeune<br />

femme.<br />

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