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BELLE-ROSE

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XXXV<br />

LA RENONCIATION<br />

Les aveux nocturnes de Gabrielle avaient noué entre elle et<br />

Suzanne des relations plus intimes. À partir de cette nuit funèbre<br />

où la pauvre jeune fille avait ouvert son cœur à l’amie que<br />

lui envoyait la Providence, ce furent entre les deux recluses de<br />

longs entretiens et d’amères confidences. L’une n’espérait plus,<br />

l’autre n’espérait guère ; le malheur leur tint lieu de connaissance<br />

; au bout de trois semaines, il leur parut qu’elles ne<br />

s’étaient jamais quittées. La tristesse de Gabrielle ne faisait<br />

qu’augmenter ; il semblait qu’une main invisible pesait sur son<br />

front, où l’on voyait passer les ombres de dévorantes inquiétudes.<br />

Parmi les personnes qui venaient la visiter, il y avait une<br />

dame âgée que Gabrielle appelait sa tante. Cette dame, vêtue à<br />

la mode du temps de la régence d’Anne d’Autriche, avait un air<br />

qui ne revenait pas à Suzanne. Elle était toujours prévenante et<br />

polie, douce et toute confite en Dieu, et trouvait dans sa mémoire<br />

une foule de noms charmants dont elle accablait sa nièce,<br />

mais rien n’y faisait, et Suzanne ne pouvait pas s’empêcher de<br />

lui témoigner une grande froideur. La dame paraissait ne pas<br />

s’en apercevoir, et ce n’était pas là une des choses qui déplaisaient<br />

le moins à M me d’Albergotti. Un jour que la dame venait<br />

de quitter Gabrielle, Suzanne demanda à son amie ce que c’était<br />

que cette dame-là.<br />

– C’est ma tante, si l’on veut, répondit Gabrielle.<br />

– Comment donc <br />

– 432 –

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