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BELLE-ROSE

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du cloître et la prière avaient plié cette âme déchirée par<br />

l’amour ; elle s’était inclinée sous la main de Dieu, et à la voir<br />

blanche et recueillie, paisible et sereine, on comprenait que<br />

M me de Châteaufort n’avait emporté du monde qu’un cœur épuré<br />

par le pardon et qu’un esprit plein de miséricorde. Elle était<br />

comme Madeleine après qu’elle eut essuyé de sa chevelure les<br />

pieds du Sauveur.<br />

– Soyez sans inquiétude, leur dit-elle ; cette maison est la<br />

vôtre, et la main de Dieu est entre vous et ceux qui vous haïssent.<br />

Geneviève embrassa Suzanne et Claudine, et salua Belle-<br />

Rose d’un pâle et doux sourire. Belle-Rose était sans force et<br />

sans voix pour répondre. Les plus dévorantes ambitions<br />

l’avaient agité depuis quelques heures ; mille souvenirs<br />

l’assaillaient à présent.<br />

Il n’y avait pas dans le cœur de Suzanne de place pour la<br />

haine. Si un instant la jalousie se réveilla à la vue de Geneviève,<br />

elle chassa bien vite ce sentiment indigne de toutes deux et rendit<br />

à l’abbesse son baiser de sœur. Les religieuses se retirèrent<br />

dans leurs cellules, et Geneviève elle-même voulut conduire les<br />

hôtes que lui envoyait la Providence aux appartements qu’elle<br />

leur destinait. Belle-Rose, Cornélius, la Déroute et Grippard<br />

furent établis dans un corps de logis dépendant des jardins de<br />

l’abbaye ; Suzanne et Claudine restèrent chez l’abbesse.<br />

– Permettez-moi de vous servir de mère, leur dit-elle ; depuis<br />

que vous avez franchi le seuil de cette maison, n’êtes-vous<br />

pas mes filles <br />

Le lendemain, vers midi, M me de Châteaufort fit appeler<br />

Belle-Rose. Elle le reçut dans un oratoire dont l’unique fenêtre<br />

s’ouvrait sur un paysage tel que Paul Potter les aimait. Au loin,<br />

une rivière – l’Oise – baignait de ses eaux paresseuses de gran-<br />

– 556 –

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