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BELLE-ROSE

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Quand vint la nuit, on laissa Suzanne seule dans la cellule<br />

où se mourait Gabrielle. Une veilleuse brûlait sur le coin d’une<br />

table, jetant ses clartés vacillantes sur les draps blancs et la figure<br />

blanche de l’agonisante. Le silence était lugubre ; la respiration<br />

oppressée de Gabrielle avait fait place à un souffle léger<br />

qui ne s’entendait pas. Ses paupières étaient closes, ses lèvres ne<br />

remuaient plus ; elle semblait dormir. Suzanne la baisa au front<br />

pieusement comme une mère qui bénit son enfant ; elle allait se<br />

retirer lorsque Gabrielle, dénouant ses mains, les roula autour<br />

du cou de Suzanne.<br />

– Restez près de moi, lui dit-elle d’une voix douce qui effleura<br />

la joue de Suzanne comme l’haleine d’un sylphe.<br />

Suzanne s’assit sur le bord du lit.<br />

– Plus près, plus près encore, reprit Gabrielle.<br />

Suzanne se fit une petite place tout contre son amie, qui lui<br />

baisait les mains en la regardant avec des yeux humides.<br />

– Écoutez-moi, Suzanne, continua Gabrielle, j’ai un service<br />

à vous demander. Me promettez-vous de me le rendre <br />

– Je vous le promets.<br />

– Et de n’en parler à personne <br />

– À personne ; cependant, il en est une pour qui je n’ai<br />

point de secret.<br />

– Oh ! vous n’êtes qu’un à deux ! dit Gabrielle avec un sourire<br />

ingénu. Lui, c’est encore vous.<br />

– Dites-moi, Gabrielle, que voulez-vous que je fasse <br />

– 446 –

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