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BELLE-ROSE

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XXX<br />

UN COUP DE FEU<br />

Au moment où, grâce à l’intervention de Cornélius et de la<br />

Déroute, Belle-Rose quittait Villejuif, onze heures sonnaient à<br />

l’horloge du couvent voisin. La nuit était calme et silencieuse ;<br />

on ne voyait pas une étoile au ciel, où la lune nageait dans<br />

l’éther pur. Les trois fugitifs, penchés sur l’encolure de leurs<br />

chevaux, tournèrent autour de Paris et gagnèrent la route de<br />

Calais. Belle-Rose avait chevauché tout enfant sur toutes les bêtes<br />

bonnes ou mauvaises qui sortaient des écuries de Malzonvilliers<br />

; s’il n’avait pas été canonnier, il aurait été mousquetaire ;<br />

la Déroute avait été piqueur ; Cornélius était presque Anglais.<br />

Ils filaient comme des boulets, cloués à la selle de leurs chevaux.<br />

La Déroute faisait claquer ses pouces contre la paume de ses<br />

mains en imitant le bruit des castagnettes. C’était une habitude<br />

qu’il avait prise en voyant danser des Espagnols en Flandre, et<br />

qui témoignait de sa joie. L’honnête garçon, qui ne souriait<br />

guère, avait le visage épanoui comme une tulipe ; mais toute sa<br />

gaieté tomba en apprenant qu’on se rendait en Angleterre.<br />

– En Angleterre ! fit-il en fronçant ses sourcils, qui avaient<br />

le plus souvent grand’peine à se mouvoir. Pourquoi diable allons-nous<br />

en Angleterre <br />

– Mais, dit Cornélius, j’ai des amis par là.<br />

– Vos amis sont-ils Anglais <br />

– Et que diable veux-tu qu’ils soient <br />

– 368 –

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