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BELLE-ROSE

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egard de Belle-Rose si tendre et si triste qu’elle hésita ; elle fit<br />

un pas, puis deux, et s’éloigna pressant sous ses deux mains ensemble<br />

son cœur qui battait à l’étouffer. Une seconde après, la<br />

fleur s’était fanée sous les baisers de Belle-Rose. Si rapide qu’eût<br />

été ce mouvement, il ne put échapper à M me de Châteaufort ;<br />

elle le vit, regarda la femme qui passait la tête penchée, et son<br />

cœur lui dit que c’était là cette mystérieuse Suzanne dont le nom<br />

l’avait fait si souvent tressaillir au chevet de Belle-Rose. La présence<br />

de Suzanne au camp s’expliquait par la nomination de<br />

M. d’Albergotti au gouvernement de Charleroi. Quant à Geneviève,<br />

elle avait suivi le duc son mari, qu’une intrigue de cour<br />

avait depuis peu dépouillé de son gouvernement, et qui était<br />

accouru pour s’expliquer sur la cause de son rappel. Après la<br />

messe et les prières offertes au Dieu des armées, le roi se retira<br />

dans son quartier ; les troupes se dispersèrent, et Belle-Rose,<br />

qui n’avait qu’une pensée et qu’un vœu, se dirigea vers le logis<br />

de Suzanne. Sa main, cachée sous son habit, broyait la fleur<br />

contre sa poitrine ; elle avait une odeur pénétrante qui<br />

l’enivrait, et ses pétales embaumées étaient comme du fer chaud<br />

qui le brûlait. Le logis de M me d’Albergotti était tout auprès de<br />

Coulé, dans un lieu qui pouvait passer pour solitaire. On n’y<br />

voyait que six compagnies de dragons. Belle-Rose tourna le long<br />

d’une haie qui défendait l’approche de la maison et poussa une<br />

petite porte à claire-voie, qui fermait l’entrée du jardin. Un éclat<br />

de rire à demi retenu l’arrêta. Le jardin semblait désert comme<br />

le logis, il fit encore un pas, et ce fut un autre éclat de rire qui<br />

retentit ; on ne voyait personne, mais les branches d’un sureau<br />

fleuri s’agitèrent devant lui, et derrière le feuillage tremblant il<br />

découvrit le frais visage d’une jeune fille qui souriait.<br />

– Claudine ! s’écria-t-il, et ses bras étendus écartèrent le<br />

rempart léger qui le séparait de sa sœur.<br />

Il avait d’abord aperçu Claudine ; il vit ensuite Cornélius.<br />

– Tous deux ensemble, leur dit-il ; ma sœur et mon frère !<br />

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