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BELLE-ROSE

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u, et M. d’Assonville chargeait Belle-Rose de le réclamer, en lui<br />

remettant les divers papiers qui pouvaient l’aider dans ses recherches.<br />

Belle-Rose n’acheva pas cette lecture sans être obligé<br />

de l’interrompre dix fois. Des larmes brûlantes sillonnaient ses<br />

joues. Il sentait sa vie s’échapper par les blessures de son cœur.<br />

Le nom de Geneviève, ce nom plein d’horreur et d’enivrement,<br />

revenait sans cesse à ses lèvres mêlé à celui de M. d’Assonville,<br />

et pour échapper au désordre de ses pensées, le souvenir de Suzanne<br />

était le seul asile où son âme saignante pût se réfugier.<br />

Mais Suzanne aussi n’était-elle pas perdue pour lui ! C’était<br />

donc de toutes parts des espérances fauchées. Les fleurs de sa<br />

jeunesse s’étaient flétries à peine écloses, et dans sa courte vie,<br />

que des balles allaient sitôt finir, il ne voyait rien que douleurs<br />

funèbres et luttes stériles.<br />

– Que la volonté de Dieu soit faite ! dit-il, et se jetant à genoux,<br />

il pria.<br />

Quand les premières lueurs du jour éclairèrent les pâles coteaux,<br />

Belle-Rose écrivait encore. Devant lui étaient quelques<br />

lettres adressées à M me d’Albergotti, à Claudine, à son père,<br />

Guillaume Grinedal, à Cornélius Hoghart, à M me de Châteaufort<br />

et à M. de Nancrais. Plus calme et raffermi, il se jeta sur le lit de<br />

camp en attendant l’heure du conseil de guerre. À neuf heures<br />

du matin, un piquet de sapeurs s’arrêta à la porte du cachot. Un<br />

officier parut sur le seuil l’épée à la main, et fit signe à Belle-<br />

Rose d’avancer. Cinq minutes après, il entrait dans la salle du<br />

conseil de guerre, que présidait le major du régiment.<br />

M. de Nancrais était assis à la droite du major. Sa physionomie<br />

paraissait calme ; il était seulement très pâle. Devant une table,<br />

vis-à-vis du major, on voyait un greffier. Le piquet se rangea en<br />

face du tribunal élevé sur une espèce d’estrade, et Belle-Rose se<br />

tint debout, un peu en avant. Le fond de la salle était tout rempli<br />

de curieux, parmi lesquels on remarquait un grand nombre de<br />

soldats. À l’arrivée du sergent, un grand mouvement se fit dans<br />

cette foule ; un grand silence lui succéda bientôt. Le greffier<br />

– 193 –

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