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BELLE-ROSE

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quet. C’était bien autre chose encore dans les villes. Les habitants<br />

s’emparaient des soldats, et le lendemain on voyait à la<br />

cocarde du chapeau et à la garde de l’épée des bouquets de<br />

fleurs et des nœuds de rubans qui rappelaient aux gentilshommes<br />

leurs éphémères amours d’une nuit. Dans tout ce beau pays<br />

de France, si bien organisé pour la guerre, cet appareil militaire<br />

éveillait l’enthousiasme, et l’on marchait aux frontières au milieu<br />

des cris joyeux, des chansons et des fêtes. Aucun accident<br />

ne vint attrister la route. Il y avait tant de troupes, tant de volontaires,<br />

tant d’équipages, tant de cadets de famille, que personne<br />

ne prenait garde à Belle-Rose et à Cornélius. Ils passaient,<br />

eux aussi, pour des soldats de fortune. La maison du roi<br />

était à Compiègne, où Louis XIV l’avait rejointe. L’éclair allait<br />

fendre la nue. La France entière était dans l’attente de l’un de<br />

ces grands événements qui font trembler les royaumes sur leurs<br />

bases. Quand M. de Pomereux et Belle-Rose arrivèrent aux<br />

frontières, la Flandre était hérissée de baïonnettes. L’armée se<br />

concentrait à Charleroi. Lorsqu’on fut près d’Arras, Belle-Rose<br />

s’informa auprès d’un vaguemestre du quartier de<br />

M. de Luxembourg. Le duc avait son logement du côté de Marchienne-le-Pont.<br />

Belle-Rose prévint Cornélius et la Déroute, et<br />

partit dans la nuit, après avoir fait ses adieux à M. de Pomereux.<br />

– Bonne chance ! lui dit le comte ; s’il vous arrivait malheur,<br />

songez à moi.<br />

– Bah ! dit la Déroute, nous avons le régiment de La Ferté<br />

pour nous ; les gens de M. de Charny n’iront pas se frotter<br />

contre l’artillerie.<br />

Le long de la route qu’ils suivirent d’Arras à Marchienne,<br />

les campagnes fleuries étaient éclairées par mille feux. On entendait<br />

dans le silence de la nuit le chant des soldats qui buvaient<br />

dans les bivouacs. Des courriers passaient au galop, portant<br />

des ordres aux divers corps, et l’on voyait au milieu des ténèbres<br />

des régiments silencieux s’avancer dans les plaines<br />

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