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BELLE-ROSE

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dant il atteignit la porte de la ville et se dirigea vers un champ<br />

de manœuvres, où mille ou douze cents hommes étaient rangés<br />

en bataille. M. de Nancrais était à cheval à la tête de sa compagnie.<br />

Les armes étincelaient au soleil, et tout le peuple de Cambrai<br />

couvrait le talus des remparts et les abords du champ de<br />

manœuvres. Quand le cortège parut hors des portes, le tambour<br />

battit aux champs, les officiers tirèrent l’épée, et la troupe porta<br />

les armes. Belle-Rose leva son front un instant incliné sous le<br />

poids des souvenirs, et promena un regard ferme sur les rangs<br />

des soldats, où mille éclairs scintillaient. Au moment où son<br />

escorte pénétrait dans l’enceinte fatale, un bruit confus s’éleva<br />

du milieu de la foule, mille têtes s’agitèrent, et des cris lointains<br />

retentirent tout à coup. Le peuple qui sortait de Cambrai se précipita<br />

de toutes parts, et ses flots pressés vinrent battre le détachement<br />

qui conduisait Belle-Rose.<br />

– Grâce ! grâce ! criait-on, et ce mot seul dominait la rumeur<br />

immense qui se faisait.<br />

Croyant qu’on voulait délivrer le prisonnier par la violence,<br />

le lieutenant qui commandait l’escorte ordonna de serrer les<br />

rangs et d’apprêter les armes. Mais au moment où l’ordre allait<br />

être exécuté, on vit s’élancer par la porte de Cambrai un homme<br />

à cheval. L’homme était tout couvert de boue et de poussière ; le<br />

cheval haletait, et ses flancs, blancs d’écume, étaient tout tachetés<br />

de gouttes de sang. Le cavalier, n’ayant plus de voix pour<br />

crier, brandissait en l’air un papier scellé de cire rouge. La foule<br />

s’écartait sur son passage avec mille cris de joie, et le cavalier<br />

arrivait au galop, tandis que M. de Nancrais courait, l’épée à la<br />

main, vers le cortège dont les rangs s’ouvrirent. Le cheval passa<br />

comme la foudre et vint tomber aux pieds du major ; mais déjà<br />

le cavalier, debout, présentait le papier timbré du grand sceau<br />

royal. Les officiers se groupèrent autour du major ; la foule se<br />

tut, et mille soldats, oubliant la discipline, penchèrent la tête en<br />

avant. Ils ne pouvaient rien entendre, et ils écoutaient. Le désordre<br />

était partout. Tout à coup le cercle des officiers se rom-<br />

– 201 –

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