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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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Contrepoint <strong>et</strong> « ancrage » harmonique<br />

Contrairement à ce que l’intuition laisserait présumer, l’organisation harmonique <strong>de</strong>s passages<br />

contrapuntiques est souvent plus facilement <strong>de</strong>scriptible <strong>et</strong> intelligible que celle <strong>de</strong>s passages<br />

homophones. Macque généralise en eff<strong>et</strong> l’usage d’une technique contrapuntique basée sur<br />

une forte structure harmonique, procédé dont on trouve <strong>les</strong> toutes premières manifestations<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> pièces à six voix <strong>de</strong>s Madrigali a quattro, cinque <strong>et</strong> sei voci <strong>de</strong> 1579.<br />

Il s’agit d’un type d’écriture, généralement imitative qui, tout en sonnant comme une<br />

superposition <strong>de</strong> lignes horizonta<strong>les</strong>, est en réalité conçue <strong>de</strong> manière résolument verticale, sur<br />

un canevas harmonique d’un unique accord (ce que j’appelle « imitation monoaccordale »,<br />

voir infra, exemple musical 18, p. 118), ou sur une alternance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou trois accords<br />

(« imitation biaccordale » <strong>et</strong> « triaccordale », voir infra, exemple musical 19, p. 118).<br />

Dans ces passages contrapuntiques, l’harmonie cesse en quelque sorte d’être la résultante <strong>de</strong><br />

la superposition mélodique, mais c’est le sogg<strong>et</strong>to lui-même qui vient épouser le schéma<br />

harmonique.<br />

Selon Anthony Newcomb, qui surnomme c<strong>et</strong>te technique pseudocontrepoint (ou moins<br />

sérieusement chordal noodling 210 ), la première occurrence <strong>de</strong> ce type d’imitation <strong>dans</strong> le<br />

répertoire du madrigal se trouverait <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Madrigali a quattro, cinque <strong>et</strong> sei voci <strong>de</strong><br />

Macque 211 . Ce procédé d’écriture s’inscrit cependant <strong>dans</strong> un phénomène <strong>de</strong> clarification <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> simplification <strong>de</strong>s structures harmoniques qui caractérise <strong>les</strong> genres légers <strong>de</strong>puis leur<br />

naissance 212 . Dans un contexte madriga<strong>les</strong>que, on r<strong>et</strong>rouve une sensibilité harmonique<br />

similaire <strong>dans</strong> certaines pièces d’Andrea Gabrieli dès le début <strong>de</strong>s années 1570 213 . Dans <strong>les</strong><br />

Madrigal<strong>et</strong>ti <strong>et</strong> napolitane, le procédé revêt cependant une importance tout à fait nouvelle, <strong>et</strong><br />

envahit littéralement le matériau imitatif. Les trois quarts <strong>de</strong>s passages contrapuntiques sont<br />

en eff<strong>et</strong> construits sur la base d’imitations monoaccorda<strong>les</strong>, biaccorda<strong>les</strong>, ou triaccorda<strong>les</strong>.<br />

210<br />

NEWCOMB Anthony, « Marenzio and the “nuova aria e grata all’orecchie”», op. cit., p. 61-75.<br />

211<br />

Il semble que Macque ait voulu varier <strong>les</strong> sty<strong>les</strong> selon le nombre <strong>de</strong> voix qu’il employait. Les techniques<br />

contrapuntiques <strong>de</strong>s <strong>madrigaux</strong> à quatre voix ainsi que la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> ceux à cinq voix sont en eff<strong>et</strong> tout à<br />

fait différentes. Ce n’est que <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>madrigaux</strong> à six voix que Macque montre clairement une volonté <strong>de</strong><br />

simplifier <strong>les</strong> structures harmoniques <strong>de</strong>s passages imitatifs.<br />

212<br />

Le même type <strong>de</strong> technique était cependant utilisé <strong>de</strong>puis longtemps, quoique <strong>de</strong> façon moins évoluée, en<br />

<strong>de</strong>hors du répertoire madriga<strong>les</strong>que, <strong>et</strong> notamment par Janequin <strong>dans</strong> ses gran<strong>de</strong>s fresques narratives (voir<br />

LOWINSKY Edward, Tonality and Atonality in Sixteenth-Century Music, Berkeley, University of California Press,<br />

1961).<br />

213<br />

Voir par exemple l’incipit <strong>de</strong> Amor, che <strong>de</strong>’ mortali du Secondo libro <strong>de</strong> madrigali a cinque voci <strong>de</strong> Gabrieli,<br />

in GABRIELI Andrea, Il secondo libro di madrigali a cinque voci, éd. David Butchart, Milano, Ricordi, 1996,<br />

p. 148.<br />

117

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