10.06.2013 Views

ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ythmique, prosodique <strong>et</strong> harmonique – qui renvoient bien souvent à l’aria en tant que<br />

genre. Les <strong>de</strong>ux premiers recueils napolitains reprennent <strong>dans</strong> une moindre mesure ces<br />

éléments d’écriture très connotés (homophonie, schémas prosodiques stéréotypés,<br />

clarification harmonique, animation rythmique) qui fonctionnent, à mon sens, comme <strong>de</strong>s<br />

« marqueurs » <strong>de</strong> genre. Le Terzo libro répond en revanche à un autre type d’ariosità, qui<br />

rappelle davantage la définition très vague <strong>et</strong> subjective qu’en donne Giustiniani qu’elle<br />

ne s’inscrit <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> genre. Les « marqueurs » <strong>de</strong> style disparaissent ou sont<br />

complètement revisités, le vocabulaire rythmique est renouvelé, la clarté harmonique<br />

sacrifiée au profit <strong>de</strong> l’élaboration contrapuntique. Le compositeur ne perd cependant pas<br />

<strong>de</strong> vue le plaisir <strong>de</strong> l’écoute, l’élégance, la douceur <strong>et</strong> la fluidité du discours. Il s’agit là en<br />

quelque sorte d’une ariosità plus extérieure qu’intérieure.<br />

Le rapport du compositeur à l’artificio varie aussi considérablement au fil <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

décennies prises en considération. Les madrigal<strong>et</strong>ti <strong>et</strong> napolitane <strong>et</strong> une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s<br />

pièces <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premiers recueils napolitains se situent très clairement du côté du<br />

compromis <strong>et</strong> constituent un exemple évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la polarité entre la légèr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> le savant,<br />

Macque penchant tantôt vers l’une, tantôt vers l’autre.<br />

Dans le Terzo libro, le madrigaliste envisage <strong>de</strong> manière totalement différente <strong>les</strong> termes<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fusion. Libérée d’un certain nombre <strong>de</strong> traits stylistique du style hybri<strong>de</strong>, la<br />

complexité contrapuntique reprend ses droits d’une manière qui semble presque<br />

« démonstrative » ou « représentative ». L’écriture artificiosa <strong>de</strong> Macque n’a en eff<strong>et</strong> pas<br />

du tout le même visage que le style savant <strong>de</strong> Lassus ou <strong>de</strong> Monte, par exemple.<br />

L’attention du compositeur paraît se focaliser sur le respect <strong>de</strong> l’imitation stricte, la<br />

transformation <strong>et</strong> la combinaison <strong>de</strong>s sogg<strong>et</strong>ti, autant d’éléments utilisés jusque-là par<br />

l’auteur <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s proportions bien moindres, même si on <strong>les</strong> voit parfois poindre <strong>dans</strong><br />

certains passages du Secondo libro a cinque. Ces techniques d’écriture très contraignantes<br />

sont moins centra<strong>les</strong> <strong>et</strong> prépondérantes <strong>dans</strong> le madrigal classique qui dilue fréquemment<br />

<strong>les</strong> contours <strong>de</strong>s sogg<strong>et</strong>ti <strong>dans</strong> un contrepoint plus libre 711 .<br />

711 À ce propos, voir COEURDEVEY Annie, Roland <strong>de</strong> Lassus, Paris, Fayard, 2003, p. 417.<br />

395

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!