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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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Par qui était pratiqué le madrigal en ce milieu <strong>de</strong>s années 1580 ? Dans quel environnement<br />

musical furent conçus ses <strong>de</strong>ux premiers recueils napolitains ?<br />

Il est possible que Macque, à son arrivée à Nap<strong>les</strong>, n’ait pas r<strong>et</strong>rouvé <strong>dans</strong> un premier temps<br />

une situation tout à fait aussi stimulante en matière <strong>de</strong> madrigal que celle <strong>de</strong> la ville qu’il<br />

venait <strong>de</strong> quitter, même si, suivant l’évolution générale <strong>de</strong>s activités éditoria<strong>les</strong> du reste <strong>de</strong><br />

l’Italie, le panorama madriga<strong>les</strong>que napolitain commençait alors à s’animer, après <strong>de</strong>s<br />

décennies <strong>de</strong> production relativement anecdotique, tout particulièrement <strong>dans</strong> <strong>les</strong> années<br />

1570 249 . En eff<strong>et</strong>, <strong>les</strong> madrigalistes actifs à Nap<strong>les</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> années 1580 publièrent<br />

apparemment beaucoup moins que leurs collègues romains 250 <strong>et</strong> restèrent relativement isolés<br />

<strong>de</strong> la vague d’anthologies qui déferla alors sur Rome <strong>et</strong> sur l’Italie septentrionale. La nostalgie<br />

pour <strong>les</strong> virtuosi romains dont on trouve trace <strong>dans</strong> la correspondance <strong>de</strong> Macque n’était peut-<br />

être pas une formule rhétorique <strong>de</strong> pure complaisance envers son ami Norimberghi 251 .<br />

Après ce réveil un peu tardif, <strong>les</strong> Napolitains feront cependant preuve d’un engouement<br />

inégalé pour le madrigal polyphonique, qu’ils continueront à cultiver bien après la<br />

249<br />

Si l’on se base sur la liste <strong>de</strong>s imprimés d’auteurs actifs à Nap<strong>les</strong> réalisée par Larson <strong>dans</strong> son PhD (The<br />

Unaccompanied Madrigal in Nap<strong>les</strong>, op. cit., vol. 1, p. 158, 255 <strong>et</strong> 311), nous n’avons la trace que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

recueils <strong>de</strong> <strong>madrigaux</strong> entre 1570 <strong>et</strong> 1579, contre huit pendant la décennie 1560-1569 <strong>et</strong> douze <strong>dans</strong> la décennie<br />

1580-1589. La chronologie générale effectuée par le même auteur <strong>et</strong> Angelo Pompilio (« Cronologia <strong>de</strong>lle<br />

edizoni musicali napol<strong>et</strong>ane <strong>de</strong>l Cinque-Seicento », in Musica e cultura a Napoli dal XVI al XIX secolo, éd. L.<br />

Bianconi <strong>et</strong> R. Bossa, Firenze, Olschki, 1983, p. 103-139), qui r<strong>et</strong>ient <strong>de</strong>s critères plus larges incluant aussi la<br />

seule dédicace à un membre <strong>de</strong> la société napolitaine, fait état <strong>de</strong> neuf imprimés entre 1570 <strong>et</strong> 1579, contre<br />

quinze <strong>dans</strong> la décennie 1560-1569 <strong>et</strong> trente-six <strong>dans</strong> la décennie 1580-1589. Ces chiffres sont évi<strong>de</strong>mment à<br />

considérer avec précaution, une partie <strong>de</strong> la production éditoriale <strong>de</strong> ces années ayant complètement disparu sans<br />

laisser <strong>de</strong> traces.<br />

250<br />

Pour la décennie 1580-1589, le nombre <strong>de</strong> recueils i<strong>de</strong>ntifiés comme appartenant à la sphère <strong>de</strong>s madrigalistes<br />

romains est presque trois fois supérieur à la production <strong>de</strong>s madrigalistes napolitains (trente-trois imprimés<br />

romains contre douze imprimés napolitains, sans compter <strong>les</strong> nombreuses anthologies). Ces chiffres sont établis<br />

sur la base <strong>de</strong> la table chronologique réalisée par Ruth DeFord (Ruggiero Giovannelli and the Madrigal in Rome,<br />

op. cit., p. 330-336), qui adopte <strong>de</strong>s critères relativement similaires à ceux du PhD <strong>de</strong> Larson.<br />

251<br />

C<strong>et</strong> extrait d’une l<strong>et</strong>tre d’un ambassa<strong>de</strong>ur ferrarais au duc d’Este, datée du 28 avril 1582 semble confirmer le<br />

r<strong>et</strong>ard napolitain en termes <strong>de</strong> madrigal au début <strong>de</strong>s années 1580 (il est cependant difficile <strong>de</strong> mesurer le <strong>de</strong>gré<br />

d’objectivité <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> document) : « J’ai fait en sorte <strong>de</strong> me procurer un peu <strong>de</strong> musique, comme me l’avait<br />

ordonné Votre Altesse, <strong>et</strong> j’ai entendu plusieurs fois chanter, aussi <strong>les</strong> dames, <strong>et</strong> il ne m’a pas semblé entendre <strong>de</strong><br />

musique qui, en ce qui concerne <strong>les</strong> <strong>madrigaux</strong>, soit digne que je vous la rapporte, car on ne chante ici que <strong>de</strong>s<br />

<strong>madrigaux</strong> imprimés <strong>et</strong> très vieux, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ces villanesche que j’ai déjà recueillies en grand nombre <strong>et</strong> que je<br />

rapporterai moi-même à Votre Altesse, bien qu’el<strong>les</strong> ne le méritent pas, même si je sais qu’el<strong>les</strong> sont ce que l’on<br />

estime le plus <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te ville. Les dames ne chantent que <strong>de</strong>s pièces très anciennes <strong>de</strong> Dentice …. » (« Ho<br />

procurato in Napoli d’haver qualche cosa di musica secondo l’ordine di V.A., <strong>et</strong> hò sentito più volte cantare, <strong>et</strong><br />

anco <strong>de</strong>lle Dame, e non mi è parso di sentir musica quanto a’ madrigali ch’io habbia giudicata <strong>de</strong>gna d’esserle<br />

portata, perché non si canta se non madrigali in stampa, <strong>et</strong> molto vecchii, e di quelle sue villanesche, <strong>de</strong>lle quali<br />

ne ho avute molte, ch’io stesso Le porterò all’A. V. se ben non vi è cosa che lo meriti, pur son di quelle che so<br />

più estimate in quella Città. Le Dame non cantano se non cose antichissime <strong>de</strong>l Dentice …. », cité en anglais<br />

in NEWCOMB Anthony, « Carlo Gesualdo and a Musical Correspon<strong>de</strong>nce of 1594 », The Musical Quarterly,<br />

LIV, 1968, p. 411. Anthony Newcomb n’ayant pas reporté la version originale <strong>de</strong>s l<strong>et</strong>tres <strong>dans</strong> c<strong>et</strong> article, je me<br />

réfère à la traduction italienne <strong>de</strong> Barbara Pizzichelli pour <strong>les</strong> références <strong>de</strong>s extraits cités, « Carlo Gesualdo e<br />

una corrispon<strong>de</strong>nza musicale <strong>de</strong>l 1594 », in Carlo Gesualdo: principe di Venosa, éd. Ennio Speranza, Roma,<br />

ISMEZ, 1998, p. 32).<br />

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