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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> ré (mo<strong>de</strong> 1 <strong>et</strong> 2) <strong>dans</strong> sa forme naturelle ({ré/§/c1}, {ré/§/g2}), dont on trouvait<br />

encore quelques exemp<strong>les</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> recueils précé<strong>de</strong>nts, est totalement abandonné au profit <strong>de</strong><br />

sa transposition sur sol ({sol/b/c1}, {sol/b/g2}) (neuf pièces au total). Selon Diruta, c<strong>et</strong>te<br />

transposition vers l’aigu, très fréquentée par <strong>les</strong> madrigalistes 382 , fait perdre au mo<strong>de</strong> plagal le<br />

caractère triste <strong>et</strong> grave qui caractérise au contraire sa version non transposée 383 . Quant à la<br />

forme authente, elle fait partie <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s mixtes dont il est délicat <strong>de</strong> définir un <strong>et</strong>hos<br />

particulier – Zarlino parle à son propos d’« un certain eff<strong>et</strong> à mi-chemin entre la tristesse <strong>et</strong><br />

l’allégresse » (« un certo mezano eff<strong>et</strong>to tra il mesto e lo allegro »).<br />

Malgré c<strong>et</strong>te orientation plutôt positive <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s, Macque ne favorise pas particulièrement<br />

le système <strong>de</strong> clés hautes (chiav<strong>et</strong>te) qui prédomine chez certains auteurs <strong>de</strong> la même pério<strong>de</strong><br />

(notamment chez Giovannelli) 384 . C<strong>et</strong>te relative indifférence pour la couleur brillante <strong>de</strong>s voix<br />

aiguës se reflète aussi <strong>dans</strong> le choix <strong>de</strong> la tessiture du quinto <strong>dans</strong> le Secondo libro a cinque.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier se répartit en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> manière à peu près équilibrée entre la tessiture <strong>de</strong> tenore (six<br />

pièces), celle du canto (neuf pièces) <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’alto (cinq pièces) 385 . À la même pério<strong>de</strong>,<br />

certains auteurs (Wert, Monte, Monteverdi, Dragoni, par exemple) 386 auront une préférence<br />

beaucoup plus marquée pour <strong>les</strong> voix féminines aiguës. Macque se rapproche en ceci <strong>de</strong>s<br />

choix <strong>de</strong> Marenzio qui, <strong>dans</strong> ses premiers recueils à cinq voix, donne une importance égale<br />

aux quinto-tenore <strong>et</strong> aux quinto-canto 387 .<br />

Le caractère léger <strong>de</strong> ces <strong>madrigaux</strong> se reflète aussi <strong>dans</strong> certains détails d’écriture. Macque<br />

continue à faire usage d’imitations monoaccorda<strong>les</strong> <strong>et</strong> biaccorda<strong>les</strong> <strong>dans</strong> ces <strong>de</strong>ux nouveaux<br />

recueils. Le compositeur, rappelons-le, avait commencé à utiliser ce procédé <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>madrigaux</strong> à six voix du recueil <strong>de</strong> 1579, <strong>et</strong> l’avait répandu <strong>dans</strong> ses Madrigal<strong>et</strong>ti <strong>et</strong><br />

napolitane. Macque revient ici à une utilisation moins systématique <strong>de</strong> ce procédé peu<br />

artificioso. C<strong>et</strong>te technique est cependant disséminée un peu partout <strong>dans</strong> <strong>les</strong> recueils<br />

puisqu’elle gagne jusqu’à certaines intonations <strong>de</strong> textes <strong>de</strong> Pétrarque, préférant tout <strong>de</strong> même<br />

la teneur globalement plus légère du Secondo libro a cinque (trente-trois passages en<br />

382 Encore une fois, on r<strong>et</strong>rouve la même tendance chez Marenzio <strong>et</strong> surtout chez Giovannelli qui utilise la forme<br />

transposée <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s 1 <strong>et</strong> 2 cinq fois plus que leur forme naturelle.<br />

383 Voir DIRUTA Girolamo, « Discorso sopra le modulationi <strong>de</strong>lli toni », Il transilvano. Dialogo sopra il vero<br />

modo di sonar, Venezia, Vincenti, 1625, troisième partie, p. 11.<br />

384 Voir DEFORD Ruth, Giovannelli and the Madrigal in Rome, op. cit., p. 34-35 <strong>et</strong> NEWCOMB Anthony,<br />

« Marenzio and the “nuova aria e grata all’orecchie », op. cit., p. 64-65.<br />

385 Le choix <strong>de</strong> la tessiture <strong>de</strong>s voix ne semble pas entièrement lié au caractère <strong>de</strong>s pièces. En eff<strong>et</strong>, si <strong>les</strong><br />

<strong>madrigaux</strong> <strong>les</strong> plus sombres, composés en mo<strong>de</strong> 9, doublent tous la partie <strong>de</strong> ténor, le quinto-tenore peut être<br />

aussi utilisé <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s pièces plus légères (voir notamment Le Ninfe <strong>de</strong>l mar d’Adria, II.5, n. 12).<br />

386 Voir CHATER James, Luca Marenzio and the Italian Madrigal, op. cit., p. 39.<br />

387 Ibid.<br />

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