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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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vraisemblablement plus conçu pour satisfaire <strong>les</strong> attentes musica<strong>les</strong> du duc <strong>de</strong> Ferrare que<br />

comme une réponse aux enjeux stylistiques soulevés par le trio Luzzaschi-Gesualdo-<br />

Fontanelli, <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels Alfonso II ne fut probablement qu’indirectement impliqué 608 .<br />

L’extrême brièv<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s textes constitue peut-être l’unique point <strong>de</strong> convergence entre le<br />

Terzo libro <strong>et</strong> <strong>les</strong> autres imprimés ferrarais 609 . Macque s’éloigne en eff<strong>et</strong> sensiblement <strong>de</strong><br />

la teneur sombre <strong>et</strong> pathétique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers pour privilégier une poésie mélique, fraîche<br />

<strong>et</strong> gracieuse <strong>dans</strong> laquelle <strong>les</strong> effusions sentimenta<strong>les</strong> trop explicites sont manifestement<br />

évitées.<br />

Les extraits du Pastor fido r<strong>et</strong>enus par Macque – ou par le commanditaire – sont à ce<br />

propos tout à fait significatifs. Nombre <strong>de</strong> madrigalistes, Marenzio, Monteverdi, Wert<br />

notamment, furent attirés par le style aff<strong>et</strong>tuoso <strong>de</strong> Guarini, par <strong>les</strong> épanchements<br />

amoureux <strong>de</strong> Mirtillo <strong>et</strong> d’Amarilli, conçus comme <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its <strong>madrigaux</strong> poétiques<br />

autonomes 610 . Macque privilégia au contraire le discours moralisateur d’Ergastro sur <strong>les</strong><br />

méfaits <strong>de</strong> l’amour (Non son, non son questi sospiri ar<strong>de</strong>nti) qui clôt la scène 2 <strong>de</strong> l’acte 1<br />

<strong>et</strong> fait suite au célèbre lamento <strong>de</strong> Mirtillo Cruda Amarilli 611 , ainsi que le discours<br />

métaphorique <strong>de</strong> Titiro, le père d’Amarilli, sur <strong>les</strong> bienfaits du mariage (Al subito apparir<br />

<strong>de</strong>l primo raggio, acte 1, scène 4). Si on <strong>les</strong> replace <strong>dans</strong> leur contexte dramatique, ces<br />

textes semblent presque faire écho aux <strong>madrigaux</strong> spirituels qui concluent le recueil.<br />

Même si la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s textes pastoraux penchent vers une évi<strong>de</strong>nte piacevolezza,<br />

un certain nombre d’entre eux sont cependant construits sur une opposition d’aff<strong>et</strong>ti plus<br />

608 Comme le note Anthony Newcomb, le manuscrit anonyme Mus. F. 1525 <strong>de</strong> la Biblioteca Estense <strong>de</strong><br />

Modène, qui contient vraisemblablement <strong>de</strong>s <strong>madrigaux</strong> <strong>de</strong> Fontanelli composés vers 1590 pour le duc <strong>de</strong><br />

Ferrare, présente plus d’affinités avec <strong>les</strong> thématiques pastora<strong>les</strong> (voir NEWCOMB Anthony, The Madrigal at<br />

Ferrara, op. cit., p. 132 <strong>et</strong> du même auteur « Alfonso Fontanelli and the Ancestry of the Seconda Pratica<br />

Madrigal », Studies in Renaissance and Baroque Music in Honor of Arthur Men<strong>de</strong>l, éd. Robert Marshall,<br />

Kassel, Bärenreiter, 1974, p. 47–68).<br />

609 La longueur moyenne <strong>de</strong>s textes pastoraux du recueil est 5,9 vers (en comptant <strong>les</strong> différentes parties<br />

d’une même pièce comme un numéro séparé). C<strong>et</strong>te brièv<strong>et</strong>é est accentuée en outre par une large utilisation<br />

<strong>de</strong>s septénaires, qui représentent approximativement la moitié <strong>de</strong>s vers.<br />

610 La pièce a souvent été décrite comme un patchwork <strong>de</strong> <strong>madrigaux</strong> aff<strong>et</strong>tuosi (à ce propos, voir CHATER<br />

James, « ‘Un pasticcio di madrigal<strong>et</strong>ti’? The Early Musical Fortune of Il Pastor fido », op. cit., p. 139-140.<br />

611 Il est amusant <strong>de</strong> constater que <strong>dans</strong> l’édition <strong>de</strong> Varoli (Della nova scelta di rime di diversi eccellenti<br />

scrittori <strong>de</strong>ll’<strong>et</strong>à nostra, op. cit., p. 77), ce discours moral est transformé en complainte amoureuse, par le<br />

simple ajout du vers initial Non sospirar, cor mio, non sospirare (Ne soupire pas, mon cœur, ne soupire pas)<br />

qui renverse complètement la perspective. À ce propos, voir DURANTE Elio, MARTELLOTTI Anna, « Il<br />

cavalier Guarini e il Concerto <strong>de</strong>lle Dame », Guarini, la musica, i musicisti, op. cit., p. 132.<br />

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