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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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On déduit aussi <strong>de</strong> la correspondance <strong>de</strong> Macque que celui-ci avait un clavecin à sa<br />

disposition, instrument qu’il avait fait parvenir <strong>de</strong> Rome par voie maritime, par<br />

l’intermédiaire <strong>de</strong> Norimberghi 285 .<br />

Il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> revenir sur l’intérêt passionnel du jeune Gesualdo pour la musique,<br />

ni sur ses manières « très napolitaines », dont on trouve largement écho à travers la<br />

correspondance <strong>de</strong>s diverses personnes qui le croisèrent sur la route <strong>de</strong> son voyage pour<br />

Ferrare (1593-1594) 286 . La correspondance du compositeur témoigne elle aussi <strong>de</strong> manière<br />

tout à fait intéressante <strong>de</strong> l’estime <strong>dans</strong> laquelle Gesualdo tenait la musique. La dédicace du<br />

recueil <strong>de</strong> ricercari <strong>de</strong> Macque à Gesualdo, qui comporte, on le rappelle, trois pièces <strong>de</strong> ce<br />

<strong>de</strong>rnier, fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> plusieurs courriers successifs 287 . On y voit là s’opposer <strong>de</strong>ux visions du<br />

prince mélomane : d’un côté Macque, qui désire que soit exaltée ouvertement la qualité <strong>de</strong>s<br />

compositions du commanditaire, <strong>de</strong> l’autre celle <strong>de</strong> Peranda, le secrétaire <strong>de</strong>s Ca<strong>et</strong>ani, qui<br />

considère que la recherche <strong>de</strong> louanges sur <strong>les</strong> aptitu<strong>de</strong>s musica<strong>les</strong> n’est pas digne d’une<br />

personnalité <strong>de</strong> ce rang. Macque était certainement très attentif à ne pas froisser la<br />

susceptibilité <strong>de</strong> son maître, qui ne réagissait manifestement pas comme la plupart <strong>de</strong>s<br />

aristocrates, pour qui, à en croire Peranda, la pratique musicale ne pouvait rentrer<br />

véritablement en jeu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mérites, <strong>les</strong> vertù, du prince.<br />

Être musicien <strong>de</strong> cour chez Gesualdo constituait probablement un poste très stimulant. En<br />

eff<strong>et</strong>, même si l’hypothèse d’une académie stricto sensu, crée <strong>et</strong> dirigée par Gesualdo a été<br />

réfutée à juste titre par <strong>les</strong> historiens <strong>les</strong> plus méticuleux 288 , il est avéré que le prince<br />

entr<strong>et</strong>enait à sa cour un grand nombre <strong>de</strong> musiciens. C<strong>et</strong> extrait <strong>de</strong> Della prattica musica,<br />

traité <strong>de</strong> Scipione Cerr<strong>et</strong>o publié à Nap<strong>les</strong> en 1601, <strong>et</strong> donc du vivant <strong>de</strong> Gesualdo, ne laisse<br />

que peu <strong>de</strong> doutes à c<strong>et</strong> égard :<br />

A questo principe di<br />

più non basta, che si dil<strong>et</strong>ti<br />

<strong>de</strong>lla Musica, ma ancora per<br />

suo gusto <strong>et</strong> intertenimento<br />

tiene in sua Corte, a sue spese,<br />

molti Compositori, Sonatori, e<br />

Ce prince ne se<br />

satisfait pas uniquement <strong>de</strong><br />

prendre plaisir à la musique,<br />

mais en plus, par goût <strong>et</strong> par<br />

divertissement, il entr<strong>et</strong>ient à sa<br />

cour, à ses frais, <strong>de</strong> nombreux<br />

285<br />

Voir l<strong>et</strong>tre du 12 juill<strong>et</strong> 1586.<br />

286<br />

À ce propos, voir en particulier NEWCOMB Anthony, « Carlo Gesualdo and a Musical Correspondance of<br />

1594 », op. cit., <strong>et</strong> PIRROTTA Nino, « Gesualdo, Ferrara e Venezia », Studi sul teatro ven<strong>et</strong>o fra Rinascimento ed<br />

<strong>et</strong>à barocca, éd. Maria Teresa Muraro, Firenze, Olschki, 1971, p. 305-319.<br />

287<br />

Voir notamment la l<strong>et</strong>tre du 30 juill<strong>et</strong> 1586.<br />

288<br />

L’hypothèse d’une « académie » <strong>de</strong> musique au sens strict a été réfutée par Keith Larson (voir The<br />

Unaccompanied Madrigal in Nap<strong>les</strong>, op. cit, p. 481, <strong>et</strong> annexe K, p. 953-958).<br />

157

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