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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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Très Magnifique Seigneur, Frère très respecté<br />

J’ai finalement reçu la l<strong>et</strong>tre dédicatoire du Sieur Peranda que j’attendais tant, laquelle, à<br />

mon sens, est très belle <strong>et</strong> j’ai écrit à notre Sieur Prospero qu’on l’imprime, si jamais elle<br />

n’était pas encore imprimée à c<strong>et</strong>te heure 827 . Mais pour parler librement avec Votre<br />

Seigneurie, si jamais elle n’était pas encore imprimée, il me serait précieux que, pour me<br />

satisfaire complètement, ledit Sieur Peranda y changeât une chose qui ne me plaît pas<br />

beaucoup. En eff<strong>et</strong>, lorsqu’il est dit « non parce que je pense que vous désirez être loué<br />

pour <strong>de</strong> semblab<strong>les</strong> choses, même si cel<strong>les</strong>-ci démontrent clairement l’excellence <strong>de</strong> votre<br />

talent » 828 , il me semble que cela insinue que ledit Seigneur Don Carlo Gesualdo méprise<br />

la Musique <strong>et</strong> qu’il lui déplaise que ces œuvres soient louées, ce qui est complètement<br />

étranger à ce seigneur qui, en plus d’être un grand amateur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te science, la maîtrise si<br />

parfaitement qu’il a peu d’égaux, tant pour jouer du luth que pour composer. C’est<br />

pourquoi je serais extrêmement content, si Votre Seigneurie le juge nécessaire, que ledit<br />

Peranda y changeât ces quelques mots, <strong>et</strong> qu’il louât un peu plus <strong>les</strong> trois ricercares <strong>de</strong> ce<br />

Seigneur, ainsi que la parfaite connaissance qu’il a <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vertu 829 . Mais je dis tout cela<br />

en m’en excusant d’avance, <strong>et</strong> s’il semble au Sieur Peranda que tout va très bien ainsi, <strong>et</strong><br />

que la mo<strong>de</strong>stie du Seigneur Don Carlo Gesualdo puisse expliquer qu’il ne désire pas <strong>de</strong><br />

louanges <strong>de</strong> ces compositions, <strong>de</strong> grâce, ne changez rien. Et quoi qu’il en soit, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te<br />

version ou <strong>dans</strong> l’autre – qu’il reste libre d’arranger à sa convenance –faites en sorte, avec<br />

le Sieur Peranda, que le tout soit imprimé au plus vite afin que l’imprimeur ne per<strong>de</strong> pas<br />

<strong>de</strong> temps.<br />

D’autre part, mon très doux Seigneur, je me trouve très bien ici hors <strong>de</strong> Nap<strong>les</strong>, car je<br />

passe la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> mon temps à étudier, jouant <strong>de</strong> la musique, composant <strong>et</strong><br />

lisant, si bien que <strong>les</strong> jours passent sans que je ne m’en ren<strong>de</strong> compte, <strong>et</strong> ceci d’autant plus<br />

827 La l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> dédicace <strong>de</strong> Peranda a été conservée (voir infra, p. 629).<br />

828 Macque fait référence à trois ricercares <strong>de</strong> Gesualdo imprimés <strong>dans</strong> ses Ricercate <strong>et</strong> Canzoni Francese a<br />

quattro voci (Roma, A<strong>les</strong>sandro Guardano, 1586) <strong>et</strong> cite <strong>les</strong> mots <strong>de</strong> la dédicace <strong>de</strong> Peranda.<br />

829 J’ai conservé ici le terme vertu, qui était encore synonyme d’art <strong>dans</strong> l’Italie <strong>de</strong> la fin du XVI e siècle.<br />

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