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ariosita et artificiosita dans les madrigaux de giovanni de macque

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Comme le note Bernhard Meier, plusieurs méthodologies peuvent être adoptées pour<br />

décrire le système rhétorique en usage à la Renaissance :<br />

Une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> ce système peut prendre <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> départ : elle peut commencer<br />

par énumérer <strong>les</strong> différents types <strong>de</strong> mots qui inspirent une expression musicale, mais elle<br />

peut aussi prendre départ sur <strong>les</strong> différents phénomènes musicaux utilisés généralement<br />

pour l’expression <strong>de</strong>s mots au XVI e siècle 452 .<br />

Je voudrais proposer ici une autre méthodologie analytique, dont le point <strong>de</strong> départ ne<br />

serait ni le mot ou concept poétique, ni <strong>les</strong> différentes techniques musica<strong>les</strong> utilisées pour<br />

leur intonation, mais la nature du lien tissé entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux, selon son plus ou moins grand<br />

<strong>de</strong>gré d’abstraction. C<strong>et</strong>te démarche, qui veut m<strong>et</strong>tre l’accent sur la complexité <strong>de</strong>s<br />

rapports texte-musique, est évi<strong>de</strong>mment critiquable <strong>dans</strong> la mesure où elle pose un<br />

problème épistémologique difficilement résoluble : ce qui paraît aujourd’hui abstrait <strong>et</strong><br />

complexe était-il déjà perçu ainsi à la fin <strong>de</strong> la Renaissance ? Probablement pas.<br />

Cependant, ce que l’on a coutume d’appeler aujourd’hui madrigalisme n’était en aucun<br />

cas accepté comme une évi<strong>de</strong>nce par tous <strong>les</strong> contemporains. Au contraire, <strong>les</strong><br />

madrigalismes avaient déjà un certain nombre <strong>de</strong> détracteurs <strong>dans</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du<br />

XVI e siècle, le plus célèbre d’entre eux étant sans doute le florentin Vincenzo Galilei. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier doutait en eff<strong>et</strong> profondément <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> réel <strong>de</strong> l’attirail rhétorique mis au point par<br />

<strong>les</strong> « contrapuntistes mo<strong>de</strong>rnes », <strong>et</strong> <strong>de</strong> son impact sur l’auditeur 453 .<br />

Même si Galilei, <strong>dans</strong> ses écrits, s’en prend plus à la polyphonie elle-même qu’à un trop<br />

grand <strong>de</strong>gré d’abstraction <strong>de</strong>s figures, il est tout à fait significatif que ce tenant <strong>de</strong> la<br />

monodie naissante se soit placé tout à coup du côté <strong>de</strong> l’auditeur <strong>et</strong> intéressé à la portée<br />

émotionnelle <strong>de</strong> la musique sur ce <strong>de</strong>rnier 454 . Le constat d’une déconnection totale entre<br />

<strong>les</strong> artifices – rhétoriques ou non – du contrepoint <strong>et</strong> leurs eff<strong>et</strong>s sur le spectateur entraîna<br />

452 « A <strong>de</strong>scription of this system can take two points of <strong>de</strong>parture: it can start by enumerating the kind of<br />

words that inspire musical expression; but it can also <strong>de</strong>part from the various musical phenomena<br />

commonly used for word expression in the sixteenth century. », in MEIER Bernhard, The Mo<strong>de</strong>s of Classical<br />

Vocal Polyphony, op. cit., p. 240.<br />

453 Voir la célèbre diatribe <strong>de</strong> Vincenzo Galilei contre <strong>les</strong> « contrapuntistes mo<strong>de</strong>rnes » (Dialogo <strong>de</strong>lla<br />

musica antica <strong>et</strong> <strong>de</strong>lla mo<strong>de</strong>rna, Firenze, Marescotti, 1581, p. 88-89). Galilei est le seul à s’en prendre si<br />

précisément aux techniques rhétoriques <strong>de</strong>s madrigalistes, mais ses profonds doutes concernant le pouvoir<br />

expressif <strong>de</strong> la polyphonie sont partagés par <strong>les</strong> principaux protagonistes <strong>de</strong> la camerata fiorentina.<br />

454 Dans sa diatribe contre <strong>les</strong> « contrapuntistes mo<strong>de</strong>rnes », Galilei m<strong>et</strong> en eff<strong>et</strong> en scène <strong>de</strong>s auditeurs qui, à<br />

l’écoute d’un madrigal, loin d’être touchés par la musique, se m<strong>et</strong>tent au contraire à rire.<br />

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