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« Bonjour ». Madeleine fit les présentations pendant que je<br />

béais stupidement devant cette nature morte familiale.<br />

ŕ Bucky Bleichert, puis-je vous présenter ma famille ? Ma<br />

mère Ramona Cathcart Sprague. Mon père, Emmett Sprague.<br />

Ma sœur, Martha McConville Sprague.<br />

La nature morte reprit un semblant de vie, quelques signes<br />

de tête et quelques sourires. Puis Emmett Sprague, rayonnant,<br />

se leva et me tendit la main.<br />

ŕ C’est un plaisir de vous rencontrer, monsieur Sprague,<br />

dis-je en lui serrant la main, le jaugeant du regard pendant qu’il<br />

me jaugeait lui-même.<br />

Le patriarche était petit avec du coffre, un visage buriné<br />

brûlé de soleil et une chevelure toute blanche qui avait dû être<br />

blonde jadis. Je lui donnai dans la cinquantaine et sa poignée de<br />

main avait la fermeté de quelqu’un qui a beaucoup travaillé en<br />

force. Sa voix tranchante était écossaise, sans le grasseyement<br />

épais de l’imitation de Madeleine.<br />

ŕ Je vous ai vu combattre Mondo Sanchez. Vous lui avez<br />

fichu une vraie déculottée. On aurait dit un nouveau Billy Conn.<br />

Je songeai à Sanchez, un nullard de poids moyen gonflé que<br />

j’avais combattu parce que mon manager voulait me bâtir la<br />

réputation de grand descendeur de Mexicains.<br />

ŕ Merci, monsieur Sprague.<br />

ŕ C’est moi qui vous remercie pour nous avoir offert un<br />

spectacle d’une telle classe. Mondo était un bon boxeur, lui<br />

aussi. Qu’est-ce qu’il est devenu ?<br />

ŕ Il est mort d’une overdose d’héroïne.<br />

ŕ Dieu lui pardonne. C’est triste qu’il ne soit pas mort sur le<br />

ring, ça aurait épargné à sa famille beaucoup de chagrin. En<br />

parlant de famille, venez serrer la main au reste de la<br />

compagnie.<br />

Martha Sprague se leva sur commande. Elle était petite,<br />

dodue et blonde, et ressemblait sur beaucoup de points à son<br />

père ; les yeux étaient d’un bleu si clair qu’on aurait dit qu’elle<br />

les envoyait à la blanchisserie pour les délaver, et le cou chargé<br />

d’acné à vif d’avoir été trop gratté. Elle offrait l’image d’une<br />

adolescente qui n’aurait jamais perdu ses rondeurs de petite<br />

fille pour devenir une beauté à l’âge adulte. Je serrai sa main<br />

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