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Herald

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ŕ Condoléances acceptées. Je m’appelle Jane Chambers.<br />

Êtes-vous l’homme du labo ?<br />

La femme tremblait sous ses dehors brusques. Elle me plut<br />

immédiatement.<br />

ŕ Oui, c’est moi. Si vous m’indiquez l’endroit, je vais m’en<br />

occuper sans tarder et je ne vous embêterai pas.<br />

Jane Chambers me fit entrer dans un vestibule paisible, tout<br />

en bois.<br />

ŕ Le bureau est derrière la salle à manger. Vous verrez la<br />

corde. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je désire faire<br />

un peu de jardinage.<br />

Elle partit en se tamponnant les yeux. Je trouvai la pièce,<br />

m’avançai vers la corde qui délimitait les lieux du crime et me<br />

demandai pourquoi ce salopard s’était foutu en l’air là où ceux<br />

qu’il aimait verraient toute l’hémoglobine.<br />

Ça avait l’air d’un travail banal, modèle classique du suicide<br />

au fusil : fauteuil de cuir renversé, avec la silhouette du cadavre<br />

marquée à la craie sur le plancher juste à côté. L’arme, un<br />

calibre 12 à double canon, se trouvait exactement là où elle<br />

aurait dû être Ŕ un mètre devant le corps, le bout du canon plein<br />

de sang et de lambeaux de chair. Les murs et le plafond de<br />

plâtre clair révélaient comme en plein jour sang et cervelle<br />

desséchés, les fragments de dents et la chevrotine, preuves<br />

irréfutables que la victime s’était enfoncé les deux canons dans<br />

la bouche.<br />

Je passai une heure à mesurer trajectoires et marques<br />

d’éclaboussures, à racler et récupérer les morceaux dans des<br />

tubes à essai, et vaporiser ma poudre sur l’arme du suicide à la<br />

recherche d’empreintes. Le travail terminé, je sortis un sac de<br />

ma trousse et enveloppai le fusil, en sachant pertinemment qu’il<br />

allait finir propriété de quelque grand sportif du L.A.P.D. Puis je<br />

sortis en direction du couloir d’entrée et je m’arrêtai en voyant<br />

une peinture encadrée suspendue à hauteur du regard.<br />

C’était le portrait d’un clown, un jeune garçon déguisé en<br />

costume de fou d’il y a très très longtemps. Le corps était<br />

difforme et bossu, il arborait un sourire stupide qui allait d’une<br />

oreille à l’autre et dont on aurait cru que ce n’était qu’une seule<br />

et profonde cicatrice.<br />

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