29.12.2012 Views

Herald

Herald

Herald

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Betty Short se sentait indestructible dans sa force d’espérance.<br />

Et sa destruction en a résulté. Ce qui a été et restera sa tragédie.<br />

Le cinéma accapare la culture à bien plus vaste échelle que<br />

les livres et de façon bien plus immédiate. Betty était folle de<br />

cinéma, il se peut qu’elle l’ait perçu. Elle rêvait d’être actrice.<br />

Elle s’habillait et se coiffait de manière spectaculaire. Elle tuait<br />

le temps dans les cinémas d’Hollywood et subsistait en se<br />

nourrissant dans les snacks. Elle racontait des mensonges<br />

énormes avec une perspicacité certaine. Elle concoctait de<br />

splendides histoires d’amour peuplées de pilotes de l’armée au<br />

destin funeste et d’enfants mort-nés. Ses récits la plaçaient au<br />

centre de grandes existences vécues sous la contrainte. C’est de<br />

cette façon qu’elle devenait prophétique. Elle pratiquait l’art de<br />

l’illusionniste. En s’imaginant au cœur de la tempête, elle<br />

changeait ses mensonges en vérités.<br />

C’est de cette façon que j’ai marché sur ses traces. J’ai<br />

récolté des faits réels et les ai embellis. J’ai structuré le L.A. de<br />

47 comme une zone de passion sous l’égide d’Elizabeth Short.<br />

Toutes les existences touchent le Dahlia. Betty reste absolue à<br />

jamais. L’obscurité définissait son existence. La célébrité définit<br />

sa mort. Sa courte vie sur cette terre et les limites qui étaient les<br />

siennes gagnent en ampleur et éclipsent de grands événements<br />

publics. Sa fin atroce nous apprend qu’il n’est pas<br />

d’échappatoire face à l’horreur humaine. Betty se ramifie en<br />

circuits obsessionnels. Elle enjoint à l’artiste de fusionner<br />

mensonges et vérités. J’ai marché sur ses pas. Brian DePalma a<br />

marché avec éclat sur les miens. Mon roman. Son film. Mon<br />

univers comme son témoignage visuel inscrit sur la pellicule. Le<br />

Dahlia comme noyau d’attraction, champ magnétique et arbitre<br />

d’une rédemption ambiguë.<br />

Les films de Brian DePalma délimitent des univers<br />

d’obsession. Agencés avec rigueur, ils vous étouffent. Le temps<br />

de leur existence, l’univers extérieur disparaît.<br />

Les couleurs flamboient étrangement. Le mouvement vous<br />

fige. Vous renoncez à toute maîtrise et ne voyez plus que ce que<br />

lui veut que vous voyiez. Il vous manipule au seul nom de la<br />

passion. Il comprend ce que s’abandonner signifie. Il est<br />

indispensable que le spectateur succombe. Ses films sont<br />

453

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!