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ça impliquait forcément qu’il avait quelque chose à voir avec un<br />

film porno de 46. Linda Martin avait déclaré que le film avait<br />

été tourné à Tijuana ; Duke Wellington, toujours introuvable,<br />

avait admis l’avoir fait. Lorsque la circulation reprit, je tournai à<br />

gauche jusqu’au Boulevard et larguai la voiture ; quand je pris<br />

mon billet au guichet de l’Amiral, la caissière eut un geste de<br />

recul en me voyant Ŕ et je m’aperçu que je soufflais comme un<br />

phoque et puais la sueur.<br />

A l’intérieur, dans l’atmosphère climatisée du cinéma, ma<br />

sueur se figea sur moi comme si mes vêtements étaient soudain<br />

une parure de glace. Un générique de fin se déroulait sur<br />

l’écran, immédiatement remplacé par de nouveaux noms, sur<br />

fond de pyramides de carton pâte. Je serrai les poings lorsque<br />

brilla sur l’écran « Emmett Sprague, Assistant Metteur en<br />

Scène » ; je retins ma respiration dans l’attente d’une indication<br />

sur les lieux de tournage. Apparut alors le texte du prologue et<br />

je m’installai dans un fauteuil latéral pour regarder.<br />

L’histoire, c’était quelque chose comme les Keystone Kops<br />

transposés à l’époque biblique ; l’action du film, des poursuites,<br />

des tartes à la crème et des coups de pied au cul. Le décor du<br />

film porno revint plusieurs fois, et à chaque vision,<br />

apparaissaient de nouveaux détails qui le confirmaient. Les<br />

prises en extérieur ressemblaient aux collines d’Hollywood,<br />

mais il n’y avait pas de scènes mixtes extérieur-studio pour me<br />

permettre de déterminer si le décor était en studio ou dans une<br />

maison particulière. Je sus ce que j’allais faire, mais je désirais<br />

une autre preuve bien solide pour étayer tous les « et si »<br />

logiques qui commençaient à s’accumuler dans ma tête.<br />

Le film s’étirait, interminable, des sueurs glacées me<br />

faisaient frissonner. Défilèrent alors les génériques de fin :<br />

« Filmé à Hollywood, U.S.A. », et tous mes « et si »<br />

s’écroulèrent comme un jeu de quilles.<br />

Je quittai le cinéma, tremblant dans la chaleur d’étuve de la<br />

rue. Je m’aperçus que j’avais quitté le El Nido sans mon<br />

revolver réglementaire ni mon .45 personnel, je pris les petites<br />

rues pour aller y récupérer mon petit canon portatif. J’entendis<br />

alors :<br />

ŕ Hé, mec, t’es l’agent Bleichert ?<br />

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