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La salle éclata de rire. Tierney demanda le silence en tapant<br />

sur l’estrade et parla dans un micro :<br />

ŕ Assez de conneries. Voici le résumé des délits pour la<br />

semaine écoulée jusqu’au 14 novembre 1946. Ouvrez vos<br />

oreilles, c’est mignon tout plein.<br />

« Pour commencer, trois braquages de magasins d’alcool,<br />

les nuits du 10-11, 12-11, 13-11, tous les trois à moins de dix blocs<br />

de Jefferson, Division d’University. Deux ados, blancs, avec<br />

fusils à canons sciés et tremblant de partout, de toute évidence<br />

des morphinos en manque. Les inspecteurs d’University n’ont<br />

pas de piste, et le patron de la brigade veut une équipe des<br />

Cambriolages sur place à plein temps. Lieutenant Ruley, vous<br />

venez me voir à 9 heures à ce sujet et vous tous vous passez le<br />

mot à vos indics Ŕ les braquages à la défonce, ça sent mauvais.<br />

« En allant vers l’est, nous avons des putes qui travaillent en<br />

solo dans les bars-restaurants de Chinatown. Elles se font leurs<br />

michés dans les bagnoles en stationnement, et elles coupent<br />

l’herbe sous le pied des filles que Mickey Cohen fait marner<br />

dans le coin. Pour l’instant, c’est du petit délit, mais Mickey<br />

Cohen n’apprécie pas et les Bridés n’apprécient pas non plus<br />

parce que les filles de Mickey utilisent les hôtels de passe<br />

d’Alameda, là où les draps n’ont pas le temps de refroidir, et qui<br />

sont tous aux mains des Bridés. Tôt ou tard, on va se retrouver<br />

dans les emmerdes, aussi je veux qu’on calme les proprios de<br />

restaus et qu’on colle au gnouf pour quarante-huit heures toutes<br />

les putains de Chinatown qu’on pourra ramasser. Le capitaine<br />

Harwell nous détache une douzaine de flics de nuit en uniforme<br />

pour une descente un peu plus tard dans la semaine ; je veux<br />

aussi qu’on passe en revue tous les dossiers des putes fichées<br />

aux Mœurs et qu’on ressorte toutes les photos anthropos et tous<br />

les casiers de toutes les racoleuses free-lance qui bossent sur<br />

Central. Je veux deux inspecteurs de Central là-dessus, sous<br />

l’autorité des Mœurs. Lieutenant Pringle, vous me verrez à<br />

9 h 15.<br />

Tierney s’arrêta pour s’étirer ; je regardai autour de moi et<br />

vis que la plupart des agents prenaient des notes. J’étais en train<br />

de me maudire de n’avoir rien apporté lorsque le capitaine<br />

plaqua ses deux paumes sur le pupitre.<br />

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