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arrivé aussi loin que je le pouvais, sans forcer mon talent Ŕ sans<br />

avoir à me sortir les tripes.<br />

C’est alors que Ronnie Cordero vint.<br />

C’était un jeune Mex poids moyen originaire d’El Monte,<br />

rapide, capable de vous expédier au tapis des deux mains, avec<br />

une défense en crabe, garde haute et coudes collés aux flancs<br />

pour dévier les coups au corps. Âgé de dix-neuf ans seulement,<br />

il avait de gros os pour son poids et des possibilités de progrès<br />

telles qu’elles lui feraient sauter deux catégories jusqu’aux<br />

lourds et la bonne oseille. Il aligna une série de quatorze K.O. à<br />

la file, dès les premiers rounds, à l’Olympic, descendant en<br />

flammes les meilleurs moyens de L. A. Sans cesser de progresser<br />

et soucieux de faire grimper la qualité de ses adversaires,<br />

Cordero me lança un défi par la page des sports du <strong>Herald</strong>.<br />

Je savais qu’il allait me bouffer tout cru. Je savais que<br />

perdre, face à un rouleur de saucisses mexicaines, allait ruiner<br />

ma célébrité locale. Je savais que fuir et refuser le combat me<br />

feraient mal, mais combattre me tuerait. Je commençai à<br />

chercher un endroit où je pourrais me planquer. L’Armée, la<br />

Marine et les Marines avaient l’air bien, mais Pearl Harbor se fit<br />

bombarder, ce qui les rendit encore bien mieux. C’est alors que<br />

mon vieux eut une attaque, perdit son boulot et sa pension et<br />

commença à téter de la bouillie de bébé à la paille. Je fus<br />

exempté comme soutien de famille et je rejoignis les rangs du<br />

L.A.P.D., les services de police de Los Angeles.<br />

Je vis où mes réflexions m’entraînaient : des gorilles du<br />

F.B.I. me demandant si je me considérais comme Allemand ou<br />

Américain, et si je voulais bien avoir l’obligeance de prouver<br />

mon patriotisme en les aidant sans réserves. Je luttai contre ce<br />

que je savais être la suite en me concentrant sur le chat de ma<br />

propriétaire en train de traquer un geai bleu sur le toit du<br />

garage. Lorsqu’il bondit, je reconnus à quel point j’aurais aimé<br />

que la rumeur de Johnny fût vraie.<br />

Le service des Mandats et Recherches, pour un flic, c’était la<br />

célébrité locale. Les Mandats, c’était le travail en civil, sans<br />

costard-cravate, le romanesque plus des kilomètres par jour au<br />

volant de sa propre voiture. Aux Mandats, c’est aux vrais<br />

truands qu’on en voulait, et non aux poivrots et aux montreurs<br />

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