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l’un à l’autre. Jimmy Lennon fit signe à l’arbitre d’aller dans un<br />

coin neutre et le micro central coulissa furtivement d’une<br />

perche attachée aux lumières du plafond. Lennon s’en saisit et<br />

cria au-dessus des hurlements de la foule : « Mesdames et<br />

messieurs, policiers et supporters des meilleurs de L.A., voici<br />

venue l’heure de danser le tango, le tango du feu et de la glace. »<br />

La foule devint cinglée, hurlant et tapant des pieds. Lennon<br />

attendit que le fracas s’apaise jusqu’à n’être plus qu’un<br />

bourdonnement, puis y alla de sa voix charmeuse : « Nous vous<br />

offrons ce soir un match en dix rounds, catégorie poids lourds.<br />

Dans le coin blanc, culottes blanches, un policier de Los<br />

Angeles, ancien professionnel, avec un palmarès de 43 victoires,<br />

4 défaites et 2 nuls : 92,400 kg, mesdames et messieurs, le<br />

grand Lee Blanchard ! »<br />

Blanchard quitta son peignoir, embrassa ses gants et<br />

s’inclina dans les quatre directions. Lennon laissa les<br />

spectateurs redevenir dingues pendant quelques instants, puis il<br />

fit jaillir sa voix amplifiée au-dessus de la foule :<br />

« Dans le coin noir, 86,700 kg, un policier de Los Angeles,<br />

invaincu après 36 combats professionnels Ŕ Bucky Bleichert le<br />

Renard ! »<br />

Je m’imprégnai des acclamations jusqu’au dernier hourra,<br />

je mémorisai les visages du premier rang, j’essayai de me<br />

convaincre que je n’allais pas me coucher. Le bruit dans le<br />

gymnase décrut et je m’avançai au centre du ring. Blanchard<br />

s’approcha ; l’arbitre marmonna quelques mots que je<br />

n’entendis pas ; M. Feu et moi nous touchâmes les gants. J’eus<br />

soudain une trouille à chier dans mon froc et repartis vers mon<br />

coin ; Fisk me mit le protège-dents en place. Puis le gong<br />

retentit, c’était fini, tout commençait.<br />

Blanchard chargea. Je l’accueillis au milieu du ring, par des<br />

séries de directs qu’il esquiva en se baissant et il se tint face à<br />

moi, feintant de la tête à droite et à gauche. Les directs ratèrent<br />

leur but et je continuai à tourner sur la gauche, n’essayant en<br />

rien de le contrer, dans l’espoir de lui faire prendre l’initiative<br />

du droit.<br />

Son premier coup fut un crochet large du gauche au corps.<br />

Je le vis arriver et je rentrai dans l’attaque, au contact, avec un<br />

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