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quartier à bonne distance de sécurité. Un peu plus haut, devant<br />

nous, c’était le règne du vaudeville.<br />

On avait attaché un système de poulies sur la face du Mont<br />

Lee, accrochées à de hauts échafaudages amarrés dans le sol à<br />

sa base. Le « R » de Terres d’Hollywood, d’une hauteur de<br />

quelque quinze mètres, descendait le long d’un gros câble sous<br />

le feu des caméras, les flashes des appareils photo, les bouches<br />

bées des badauds et l’œil des politicards qui sablaient le<br />

champagne. La poussière des buissons arrachés envahissait<br />

tout ; l’orchestre du lycée d’Hollywood était en place, assis sur<br />

des chaises pliantes, sur une estrade de fortune bâtie à quelques<br />

mètres du terminus des poulies. Lorsque la lettre « R » s’écrasa<br />

dans la poussière, ils entonnèrent « Hourrah pour<br />

Hollywood ! »<br />

ŕ Par ici, dit Harry.<br />

On obliqua sur une piste de terre qui faisait le tour du pied<br />

de la montagne. Une végétation dense envahissait les deux<br />

côtés ; Harry ouvrit la marche latéralement sur un sentier<br />

piétonnier qui montait à pic. Je suivais, les branches accrochant<br />

mes vêtements et me fouettant le visage. Au bout d’une<br />

cinquantaine de mètres de montée, le sentier redevenait plat et<br />

ouvrait sur une étroite clairière bordée par un petit ruisseau. Il y<br />

avait aussi une minuscule cabane de parpaings sur une dalle<br />

béton avec la porte grande ouverte.<br />

Je pénétrai à l’intérieur.<br />

Les murs latéraux étaient tapissés de photos<br />

pornographiques de femmes infirmes et défigurées. Des visages<br />

mongoliens suçaient des godemichés, des filles nues écartaient<br />

toutes grandes leurs jambes atrophiées et corsetées d’acier, des<br />

atrocités sans membres ricanaient devant l’objectif. Sur le<br />

plancher il y avait un matelas ; il était recouvert d’une croûte de<br />

multiples couches de sang séché. Une dentelle d’insectes et de<br />

mouches transparaissait au travers des croûtes, emprisonnés là<br />

pendant qu’ils festoyaient jusqu’à la mort. Le mur du fond était<br />

couvert de photos couleurs collées, qu’on aurait dit arrachées de<br />

livres d’anatomie : des gros plans d’organes malades suintant de<br />

pus et de sang. Des éclaboussures, des flaques couvraient le sol ;<br />

un petit projecteur monté sur trépied était placé à côté du<br />

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