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service pour se voir équipé d’un casque de la Première Guerre<br />

mondiale et d’une matraque géante connue sous le nom de<br />

tanne-négros.<br />

Au crépuscule, on nous amena sur le champ de bataille en<br />

camions empruntés à l’armée, avec, pour seule directive, de<br />

restaurer l’ordre. On nous avait ôté nos revolvers<br />

réglementaires au poste ; les huiles ne voulaient pas que des .38<br />

tombent entre les mains de gangsters mexicains en costards<br />

nanars, pli rasoir, revers pépère, épaulettes gonflettes, et<br />

chevelure plaquée à l’Argentine, en queue de canard. En<br />

bondissant hors du transporteur de troupes sur Evergreen et<br />

Wabash, tenant deux kilos de matraque par la poignée garnie<br />

d’adhésif antidérapant, je me pris une trouille dix fois plus forte<br />

que toutes mes frayeurs sur le ring, et pas parce que le chaos<br />

nous tombait dessus de tous côtés.<br />

J’étais terrifié parce que les méchants, c’était cette fois les<br />

bons.<br />

Des marins défonçaient les vitrines d’Evergreen à coups de<br />

pied ; des Marines en treillis bleus démolissaient les<br />

lampadaires de manière systématique, pour offrir au théâtre de<br />

leurs opérations toujours un peu plus d’obscurité. Les rivalités<br />

interservices un instant oubliées, soldats et matelots<br />

retournaient les voitures garées en face d’une bodega pendant<br />

que, juste à côté, sur le trottoir, des jeunots de la Navy, en<br />

vareuse et pattes d’eph blancs, tabassaient à coups de matraque<br />

un groupe d’endimanchés submergés par le nombre. À la<br />

périphérie du champ d’action, je voyais des groupes de collègues<br />

policiers en train de frayer avec les nervis de la patrouille de<br />

Plage et des M.P.<br />

Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, engourdi,<br />

ne sachant que faire. Finalement mon regard se porta sur<br />

Wabash en direction de la 1 re Rue et je vis des petites maisons et<br />

des arbres, pas de Pachucos, pas de flics, pas de G.Is assoiffés de<br />

sang. Avant même de savoir ce que je faisais, je me mis à courir<br />

à toute vitesse. J’aurais continué à courir jusqu’à ce que je<br />

tombe, mais un éclat de rire retentit haut et clair sous un porche<br />

d’entrée et m’arrêta net.<br />

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