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compatriotes allemands a pris la mouche et nous a chargés à la<br />

baïonnette. Georgie était tombé amoureux des petites images<br />

qui bougent, il adorait un bon spectacle de cinématographe.<br />

Nous sommes retournés à Aberdeen après l’armistice pour voir<br />

à quoi ressemblait une ville morte, et Georgie m’a persuadé de<br />

venir en Californie avec lui Ŕ il voulait travailler dans l’industrie<br />

du cinéma muet. Il n’avait jamais valu grand-chose quand je<br />

n’étais pas là pour le mener par le bout du nez. Je regardai<br />

autour d’Aberdeen, vis que ne m’y attendait qu’un destin de<br />

troisième ordre et dis : « Georgie, c’est d’accord, bon pour la<br />

Californie. Peut-être que nous ferons fortune. Sinon, nous<br />

échouerons là où le soleil brille toujours. »<br />

Je songeai à mon vieux qui était venu en Amérique en 1908,<br />

la tête pleine de grands rêves Ŕ mais il avait épousé la première<br />

immigrante allemande qu’il avait rencontrée et s’était installé<br />

dans l’esclavage à appointements hebdomadaires à la Pacific<br />

Gas and Electric.<br />

ŕ Que s’est-il alors passé ?<br />

Emmett Sprague frappa la table de sa fourchette.<br />

ŕ Je touche du bois, c’était le bon moment pour y<br />

débarquer. Hollywood n’était qu’une prairie à vaches, mais les<br />

films muets entraient dans leurs jours de gloire. Georgie trouva<br />

du travail comme éclairagiste, et je travaillai à construire des<br />

maisons, des maisons rudement bien, bien faites et bon marché.<br />

Je vivais sans toit et je remettais chaque sacré bon Dieu de<br />

centime de gagné dans l’affaire ; puis j’empruntai de l’argent à<br />

toutes les banques et à tous les usuriers qui y étaient disposés<br />

pour acheter des sacré bon Dieu de terrains bien placés Ŕ d’une<br />

sacré bon Dieu de qualité et bon marché. Georgie me présenta à<br />

Mack Sennett, et je l’aidai à construire des décors dans son<br />

studio d’Edendale, puis je le contactai pour un prêt pour acheter<br />

encore plus de terrains. Le vieux Mack savait reconnaître<br />

quelqu’un qui se faisait un nom, car il était en train de s’en faire<br />

un lui aussi. Il me prêta l’argent sous la condition que je l’aide<br />

pour le projet immobilier qu’il mettait sur pied Ŕ Les Terres<br />

d’Hollywood Ŕ juste en dessous de cet abominable panneau<br />

d’une hauteur de trente-cinq mètres qu’il avait érigé sur le Mont<br />

Lee pour en faire le battage. Le vieux Mack savait obtenir le<br />

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