maladies parasitaires - USP

268 PARASITES DE LA PEAU.
niquement par des plaques plus ou moins régulièrement circulaires,
dont les poils, d'abord hérissés et ternes, tombent en laissant la peau
dénudée.
Synonymie. — Cette maladie a pendant longtemps été confondue sous
le nom commun de dartres avec diverses autres dermatoses non parasitaires,,
et correspond plus particulièrement à ce que les anciens auteurs
appelaient dartre croûteuse et dartre sèche. Les paysans de l'Auvergne la
nomment anders ou indëres (Grognier), ceux du Limousin anders ou endai
(Lemaistre), ceux du Poitou anderses (Gellé), et ceux du midi de la France
teigne (Carrère), brillants (Rigal) ou sous-brillants (Houles).
Depuis la découverte de son parasite, les noms qu'on lui a donnés ont
rappelé sa nature et ont été mis en rapport avec ceux qu'employé la dermatologie
humaine pour le même objet. Tels sont ceux de dartre tonsurante
contagieuse (Reynal), herpès tonsurant(Ca.zena.\e),trichomycose (Gerlach),trichaphytie
(Lafosse. Hardy), teigne tonsurante (Bazin). Ces deux dernières dénominations
doivent être préférées, bien que celle d'herpès tonsurant soit
souvent employée.
Historique. — Avant qu'on en connût la nature parasitaire, on faisait
rentrer la teigne tonsurante dans le groupe si mal défini des dartres, et la
théorie alors en vogue sur le vice dartreux lui était naturellement appliquée. 1
Ce vice dartreux, cette diathèse se développaient sous l'influence dé la misère
physiologique; mais il est remarquable que, parmi les causes multiples
invoquées pour en expliquer l'apparition, se place la plus favorable, en effet,
au développement des dermatoses parasitaires, c'est-à-dire la malpropreté
du corps et celle des étables ou écuries. Malgré la confusion qui régnait dans
la dermatologie des animaux, la physionomie de la teigne tonsurante n'était
pas restée inaperçue. C'est sans doute elle que Chabert avait en vue dans
cette dartre ronde dont il parle, qui « afflige quelques parties du corps et de
l'encolure, » et dont il mentionne le caractère contagieux, en l'attribuant
aussi, d'ailleurs, à toutes les formesde gales et de dartres qu'il décrit.Mais,
en général, il est malaisé de reconnaître la trichophytie dans les travaux
des anciens vétérinaires. Elle rentre évidemment par ses symptômes dans
la dartre furfuracêe ou farineuse d'Hurtrel d'Arboval; c'est la dartre sèche de
Carrère, la dartre croûteuse ou pustulo-croûteuse de Gellé et de Lafore.
Cependant un fait important s'était établi. Ernst, vétérinaire dans le
canton de Zurich, constatait en 1820 la transmission des dartres d'une vache
à une jeûne fille sous la forme d'herpès tonsurant. En 1831, Grognier relate
que, d'après les paysans de l'Auvergne, la dartre du Bœuf est contagieuH,:
à l'Homme. Kôllreuter (1836), Lavergne, Carrère, Fehr (1838) publient des
faits semblables, et les observations analogues vont se multipliant. En 1852,
Reynal et Bouley jeune constatent la contagion de la dartre du Cheval à
l'Homme encore, sous forme d'herpès tonsurant, et de nombreux exemples
prouvent que les dartres passent facilement de l'animal malade à l'animal
sain.
Dans l'intervalle (1842), Gruby avait découvert le parasite de l'herpès
tonsurant de l'Homme. Mais c'est en 1853 seulement qu'est signalée pour la
première fois, par Bazin, l'existence du Trichophyton tonsurans chez les
animaux domestiques : il le voit dans la dartre tondante d'un cheval qui
a transmis son affection au gendarme chargé de le soigner. Quelques
années après (1857), Gerlach publie un important travail où la nature parasitaire
des dartres du Bœuf est manifestement démontrée. Presque en môme
temps, le 30 juin 1857, Reynal lit à l'Académie impériale de médecine un
mémoire où il met en évidence la contagion à l'Homme de la dartre du