maladies parasitaires - USP

PARASITES DE LA BOUCHE ET DU PHARYNX. 325
A l'autopsie, outre la présence des Sangsues, on constate toutes les
lésions d'une anémie profonde ou de l'asphyxie. Les muqueuses attaquées
sont œdématiées et plus ou moins congestionnées ; elles présentent
de nombreuses ecchymoses rouges à la circonférence, noires
au centre, et qui sont la trace des morsures.
On voit donc que, pour certains pays et surtout pour l'Algérie, les
Hémopis sont un véritable fléau. Elles causent des pertes sérieuses
parmi le gros bétail, contribuent à son anémie, affaiblissent beaucoup
de dromadaires et, par leur pullulation dans les sources qui alimentent
les abreuvoirs de plusieurs garnisons, sont un objet de haute préoccupation
pour l'autorité militaire. Elles rendent indisponibles pendant
un temps nombre de chevaux et de mulets et peuvent amener la mort
de plusieurs.
D'après les observations de Biaise, YHsemopis sanguisuga n'est pas
la seule espèce dont il y ait lieu de redouter le parasitisme. En
Algérie, on peut trouver dans les mêmes conditions les diverses espèces
de Sangsues qui vivent dans les eaux d'abreuvoir, comme la Sangsue
grise (Hirudo medicinalis L.), la Sangsue verte (H. officinalis Sav.),la'
Sangsue truite ou Sangsue dragon (H. troctina Johnson), etc. (Note
communiquée.)
Pour détacher les Sangsues de la muqueuse, plusieurs moyens sont
employés. Lorsqu'elles sont accessibles, on peut les prendre avec une
pince, ou avec la main, que l'on enveloppe d'un linge (Abou Bekr),
pour éviter qu'elles ne glissent. Il en est qui les coupent en deux avec
des ciseaux. Un procédé d'une application plus générale consiste
dans l'emploi répété de gargarismes vinaigrés ou salés (sel marin,
sulfate de soude, alun, etc.), ou simplement d'eau fraîche, qui leur
font lâcher prise ; mais il n'est malheureusement pas toujours facile
de projeter ces liquides dans l'arrière-bouche, où les Sangsues se
cantonnent si souvent. Biaise a employé avec succès les fumigations
de goudron, de baies de genévrier, de tabac, répétées deux fois par
jour: les quintes de toux qu'elles provoquent entraînent les Sangsues
faiblement attachées aux muqueuses. Souvigny (cité par Biaise.)
portait dans l'intérieur du pharynx une sonde en caoutchouc munie à
son extrémité d'une éponge imbibée d'éther.
En cas d'asphyxie imminente, on a recours à la trachéotomie.
L'anémie consécutive à l'action des Sangsues comporte son traitement
spécial.
Il faudrait éviter de faire boire aux animaux de l'eau infestée par
ces vers. Lorsqu'on les abreuve à une rivière, à une eau courante, ils
trouvent, en outre, l'avantage d'être débarrassés des Hémopis qu'ils
portaient et qui, étant gorgées, abandonnent les muqueuses aussitôt
qu'elles peuvent reprendre la vie aquatique. L'hippiâtre arabe Abou
Bekr conseille d'attacher à la tête du cheval une musette, qui filtre
l'eau et évite tout danger d'introduction des Sangsues. Mais le mieux,