maladies parasitaires - USP

362 PARASITES DE L'APPAREIL DIGESTIF.
ART. V. — Parasites de l'estomac du Chat.
On peut trouver dans l'estomac du Chat des Ascarides et des Ténias,
surtout le Tœnia crassicollis ; mais le seul parasite qui soit propre à
cet organe est un Nématode, de la famille des Strongylidés, 1 Ollulan
à trois pointes (Ollulanus tricuspis Leuckart). C'est à Rud. Leuckart
que l'on en doit la découverte et l'étude (1).
Le genre Ollulanus est caractérisé par la présence d'une capsule buccale
en forme d'urne, d'un œsophage peu musculeux, et, chez les màles, d'une
bourse caudale bilobée contenant deux courts spicules. Dans l'Ollulatms
tricuspis, la femelle adulte mesure au plus un millimètre de longueur, et,
présente trois pointes à l'extrémité caudale.
A l'état adulte, ces vers habitent dans l'épaisseur de la muqueuse ga9trifue
du Chat, et s'y trouvent souvent en telle quantité que cette membrans est
ramollie, rouge et ecchymosée. La femelle est ovovivipare. Les embryonsont
des dimensions colossales, relativement à celles de la mère; ils mesurent,
en effet, 320 u. de long sur 15 (x de largeur. Aussi le corps de la femelle n'en
renferme guère jamais plus de trois. Cependant on les trouve en grande
quantité non seulement dans l'estomac, mais encore dans l'intestin jusqu'au
gros côlon, d'où ils émigrent bientôt, à la manière des embryons de Trichines,
pour se répandre en divers points du corps de leur hôte. Ils envahissent spécialement
les plèvres, le diaphragme, le foie et le poumon, formant de petits
kystes de 0 mm ,15 à 0 mm ,20, dans chacun desquels on trouve un ou plusieurs
embryons enroulés sur eux-mêmes. La paroi des kystes est très épaisse,
et leur cavité relativement restreinte. Leur présence dans le poumon y simule
une tuberculose miliaire, chacun d'eux étant entouré d'une zone
d'hépatisation. Le processus inflammatoire peut être assez étendu pour entraîner
la mort de l'animal. Dans les cas graves, on rencontre des embryons
dans le mucus bronchique, plus ou moins sanguinolent.
Les embryons de Y Ollulanus tricuspis ne peuvent continuer chez le Chat le
cours de leur développement. Les mieux partagés sous ce rapport sont
rejetés au dehors avec les excréments, ou exceptionnellement avec le mucus
bronchique. Ils peuvent être alors ingérés par les petits Rongeurs, et comme
Leuckart l'a démontré expérimentalement, ils passent de l'intestin de ceux-ci
dans leurs muscles, et s'y enkystent à la façon des Trichines. Leur développementy
devient plus avancé que celui qu'ifs' peuvent prendre dans les kystes
pulmonaires ou autres du Chat. Il est probable qu'il s'achève dans le tube
digestif du chat qui vient à se nourrir de rongeurs infestés. Cependant,
ayant fait manger à un chat une souris infestée expérimentalement, et
sacrifiant le Carnivore huit jours après, Leuckart retrouva les vers non
dans l'estomac, mais dans le caecum et le gros intestin ; ils n'avaient subi
aucun changement. Il règne donc encore bien des incertitudes sur l'évolution
de l'Ollulan. Nous devons dire, d'ailleurs, que, dans nos nombreuses autopsies
de chats, nous n'avons jamais rencontré ce parasite.
— A. Lutz (2) dit avoir vu au Brésil,dans l'estomac d'un chat, un grand
nombre de vers, màles et femelles, qu'il rapporte au genre Physaloptera,
dont nous parlons plus loin à propos de l'espèce brésilienne trouvée dans
l'estomac de la Poule. Ces Physaloptères étaient très voisins du Ph. digitata
Schneider, qui vit dans l'estomac du Couguar ou Puma [Felis concolor.)
Il est possible, d'ailleurs, que ces vers ne fussent que des Physaloptères
(1) R. LEUCKART, Die menschlichen Parasilen, II, Leipzig, 1876, p. 102-106.
(2) AD. LUTZ, Deutsche Zeitsch. f. Thiermed. und vergl. Pathologie, XII, 1885, p. 61.