maladies parasitaires - USP

354 PARASITES DE L'APPAREIL DIGESTIF.
Strongle contourné (Strongylus contortus Rud.). — Corps rouge ou blanchâtre
(selon que son intestin est ou non rempli de sang sucé à la muqueuse),
filiforme, atténué aux extrémités. A une faible distance de l'extrémité
antérieure, deux petites papilles latérales, en forme de dents dirigées en
arrière. Tégument finement strié en travers et montrant, de plus, 40 n
50 arêtes longitudinales. Bouche nue. Mâle long de 10 à 20 millimètres;
bourse caudale bilobée, chaque lobe étant soutenu par quatre eûtes, h
moyenne et l'antérieure dédoublées; le lobe droit porte un lobule accessoire
soutenu par les deux côtes postérieures, courtes et un peu fendue» à
leur extrémité. Femelle longue de 20 à 30 millimètres, terminée par une
queue pointue ; vulve, située vers le cinquième postérieur du corps, au fond
d'une dépression surmontée par un puissant appendice linguiforme dirigé
en arrière. Œufs ovoïdes, longs de 70 à 97 n sur 43 à 54 |x (1).
Le Strongle contourné vit dans la caillette du Mouton, de la
Chèvre, de l'Argali et du Chamois. Railliet et Lucet l'ont trouvé dans
la caillette d'une génisse, et nous dans celle d'une vache. Il se nourrit
du sang qu'il emprunte à la muqueuse, et qui donne à son intestin
une coloration brune. Son nom est justifié par les dispositions des
deux tubes ovariens, qui s'enroulent autour de l'intestin en formanl
des anses assez régulières, tranchant par leur blancheur sur la teinte
foncée du tube digestif.
D'après les recherches de C. Raillet(2), le Strongylus contortus serait
ovovivipare. Les embryons rhabditiformes qu'il laisse échapper ne se
développent pas dans l'eau pure et y périssent au bout de quelques
semaines. Mais, dans l'eau fangeuse, comme l'a vu Leuckart/'jls
évoluent rapidement et, après plusieurs mues, parviennent à un état
de développement sous lequel ils sont aptes à réintégrer l'organisÉI
des Ruminants. Il est donc probable que les Moutons s'infestent en
buvant de l'eau souillée par des excréments d'animaux porteurs de
Strongles contournés.
Ce ver n'a encore été signalé qu'une fois en France comme un
parasite dangereux (3). En Allemagne, au contraire, d'après Gurlt,
Gerlach, Rôll, Zurn, etc., il est considéré comme entraînant par sa présence
une maladie épizootique (Magenwurmseuche), qui atteint surtout
les agneaux et les antenais, se complique souvent de bronchite vermineuse,
et sévit particulièrement au printemps et en été dans certaines
contrées à terrains sablonneux, où l'on rencontre des eaux
stagnantes. De semblables observations ont été faites en Angleterr^et
en Ecosse (4).
C'est une sorte d'anémie pernicieuse dont les symptômes, peu caractéristiques,
ne permettent guère d'établir un diagnostic précis : tristesse,
langueur, inappétence, pica, soif intense, amaigrissement,
(1) RAILLIET, Le Strongle contourné. Le Naturaliste, 1" décembre 1890.
(2) C. BAILLET, Noie sur les Strongyliens et les Sclérostomiens de l'appareil digestif
des bétes ovines. Bull. Soc. cent, de méd. vétér., 1868.
(3) RAILLIET, L'Acclimatation, 1887.
(4) WILLIAMS, The veterinary Journal, 1885, p. 39.