maladies parasitaires - USP

LADRERIE. 645
Division. — La ladrerie diffère dans sa nature, ses effets, sa fréquence,
son importance au point de vue sanitaire, etc., selon l'espèce
du mammifère domestique qui en est atteint. Il y a donc lieu d'en faire
l'étude successivement sur chacune, en la subordonnant, pour l'ordre,
à l'espèce de Cysticerque qui la détermine.
ART. I". — Ladrerie du Porc (1).
La ladrerie du Porc est produite par le Cysticercus cellulosx Rud.,
forme larvaire du Txnia solium, ou Ténia armé de l'Homme.
Historique (ï~. — La ladrerie du Porc est connue depuis une haute antiquité,
et son influence sur la santé de l'Homme semble bien avoir inspiré
les prêtres égyptiens du temps des Pharaons et Moïse, le législateur des
Juifs, lorsqu'ils ont prohibé l'usage de la viande de Porc. Mais la première
mention de cette maladie remonte au iv e siècle avant Jésus-Christ; elle se
trouve dans les œuvres d'Aristophane (430-380), comédie des Chevaliers, où
il est parlé de la ladrerie comme d'une connaissance vulgaire. Aristote l'a
décrite avec une précision remarquable, et cette description a été reproduite
à peu près exactement par rîufus (cité par Oribase), puis par Pline et
Didjmus. On la retrouve mentionnée encore par Plutarque et par Arétée,
par Archigène et par Androsthène.
De nombreux règlements prouvent qu'au moyen âge la ladrerie du Porc
était bien connue; mais on était dans la môme ignorance que les anciens
sur sa nature parasitaire. Il faut arriver à l'année 1683 pour trouver, dans
un mémoire de Redi, une notion qui s'y rapporte. Deux ans après, Hartmann
rencontrait chez une chèvre un Cysticerque, qu'il reconnaissait pour
un animal vivant. Mais à Malpighi revient l'honneur de la première description
exacte du Cysticerque ladrique. Ces observations semblent avoir été
peu connues, car c'est en 1760 seulement que Pallas fait le rapprochement
entre le parasite ladrique et les Ténias, en le nommant Txnia hydaligena.
A peu près vers le même temps, Otto Fabricius émet l'opinion que les Cysticerques
ladriques proviennent d'un ver rubanaire et Gœze (1780) décrit le
ver vésiculaire avec beaucoup de précision et d'exactitude.
L'année 1842 marque un progrès important : Steenstrup considère les Vers
cystiques comme les premiers pas du développement d'Helminthes qu'il ne
peut déterminer. A la même époque, von Siebold les regarde comme des
Ténias égarés, opinion adoptée également par Dujardin (1845). Il fallut
les^espériences de van Beneden et de Kûchenmeister pour mettre hors de
doute les migrations des Cestodes ; les données qu'ils ont établies ont été
confirmées, étendues et complétées par de nombreux expérimentateurs dont
nous aurons plus loin à signaler les apports.
Anatomie pathologique. — C'est surtout à l'autopsie que l'on
reconnaît l'existence de la ladrerie, la présence du Cysticercus cellu-
(') DFLPECH, De la ladrerie du porc au point de vue de l'hygiène privée et publique.
Annales d'hyg. publ. et de méd. iég., (2), XXI. — Idem, Art. Ladrerie. Dict. encycl.
des se. méd., (2), I, 1868. — TRASBOT, art. Ladrerie. Nouv. Dict. de méd., de chir.
et d'hyg. vét., XI, 1880. — L. RAILLET, Tr. de l'inspection des viandes de boucherie,
Je édit., Paris, 1880. — VILLAIX et BASCOU, Manuel de l'inspecteur des viandes.
P»ris, 1886; 2« éd. 1890.
(7) J.-M. GUAHDIA, La ladrerie du porc dans l'antiquité, Paris, 1865.