26.10.2014 Views

Les obligations - Histoire du droit

Les obligations - Histoire du droit

Les obligations - Histoire du droit

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

[91] LES SIÈCLES DE L'INDIVIDUALISME 113<br />

[90] Du MOULIN ET LOYSEL. — Au contraire, les Bartolistes<br />

attardés — tels Du MOULIN et TIRAQUEAU — allient la connaissance<br />

<strong>du</strong> <strong>droit</strong> romain aux préoccupations pratiques. Ils répugnent<br />

aux constructions doctrinales, mais trouvent dans le<br />

<strong>droit</strong> romain des justifications, des arguments, des raisonnements.<br />

<strong>Les</strong> questions sont envisagées sans plan systématique,<br />

sans préoccupations historiques, sans souci de la forme. Rien<br />

n'est sacrifié des idées de la pratique que viennent justifier, à<br />

la manière bartoliste, d'innombrables citations romaines.<br />

Du MOULIN insiste tout particulièrement sur le fait que la<br />

règle canonique ex nudo pacto actio oritur, est admise par le<br />

<strong>droit</strong> français. Il affirme que la pratique n'a rien retenu des<br />

formes anciennes de la stipulation et la rencontre des consentements<br />

suffit à faire la convention ; mais si l'une des parties<br />

est demeurée silencieuse, il n'y a pas « proprement » convention ;<br />

mais plutôt simple pollicitation : aucune action ne peut naître.<br />

LOYSEL allait donner à la règle un tour bien connu : « On lie<br />

les bœufs par les cornes et les hommes par les paroles et autant<br />

vaut une simple promesse ou convenance que les stipulations<br />

<strong>du</strong> <strong>droit</strong> romain. » La maxime (cf. G. et M. SAUTEL, Etudes<br />

Petot, p. 507-517) a pu être empruntée à la glose : Ut enim<br />

boves funibus visualiter ligantur, sic homines ver bis ligantur<br />

intellectualiter (Inst., III, 14).<br />

[91] GROTIUS ET DESCARTES. — Mais déjà apparaît dans tous<br />

les pays l'idée d'un « <strong>droit</strong> rationnel ». L'extension <strong>du</strong> monde<br />

connu incite à réfléchir sur la notion de <strong>droit</strong> des gens. Celui-ci<br />

apparaît comme un <strong>droit</strong> coutumier résultant de la nature des<br />

choses, distinct <strong>du</strong> <strong>droit</strong> naturel en ce qu'il est sujet à variations.<br />

SUAREZ, au début <strong>du</strong> siècle, insiste sur le libre arbitre de<br />

l'homme et sur l'autonomie corrélative des personnes ; pour<br />

lui, les règles de <strong>droit</strong> dérivent à peu près toutes <strong>du</strong> principe de<br />

<strong>droit</strong> naturel : pacta sunt servanda.<br />

Avec GROTIUS naît vraiment une nouvelle théorie <strong>du</strong> <strong>droit</strong> :<br />

la volonté apparaît souveraine. L'influence de DESCARTES va<br />

dans le même sens : comme le disait SALEILLES {De fa personnalité<br />

juridique, 1910, p. 531) au « je pense donc je suis » correspond<br />

pour les juristes : « Je veux, donc j'ai des <strong>droit</strong>s ». Pour GROTIUS,<br />

le respect de la parole donnée est une règle de <strong>droit</strong> naturel.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!