26.10.2014 Views

Les obligations - Histoire du droit

Les obligations - Histoire du droit

Les obligations - Histoire du droit

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

260 HISTOIRE DU DROIT PRIVÉ [237]<br />

mique — la négation <strong>du</strong> crédit — et une doctrine philosophique<br />

— le refus d'admettre la « vente <strong>du</strong> temps », car le temps<br />

n'est qu'à Dieu. Le sens change avec la justification fournie :<br />

usure signifie intérêt mais aussi profit illicite.<br />

[237] LES RÉSISTANCES. — La glose (sur C, I , 1, 1) déclare<br />

que les usures sont interdites par le <strong>droit</strong> divin. AZON juge de<br />

même mais l'opinion d'autres docteurs manque de netteté :<br />

celle d'AccURSE par exemple, opinion que la tradition explique<br />

par le fait qu'il était lui-même usurier notoire et prêtait même<br />

à ses élèves. Au contraire, BARTOLE et ses disciples justifieront<br />

les textes canoniques.<br />

Dans le Sud-Ouest, l'usure est pratiquée tout au long <strong>du</strong><br />

XII siècle (à Saint-Antonin, à Rodez, à Toulouse). Ailleurs,<br />

E<br />

les prêteurs déguisent la stipulation d'usure : par exemple,<br />

en mentionnant au contrat que la dette est <strong>du</strong>e pour marchandises<br />

ven<strong>du</strong>es (ce qui montre tout l'intérêt de la théorie de la<br />

cause dans les preuves écrites, n° 134). Souvent aussi la promesse<br />

d'usure est confirmée par un serment.<br />

JOINVILLE dira que « le peuple ne peut vivre sans le prêt ».<br />

Pourtant le pouvoir royal (saint Louis surtout) va reprendre<br />

à son compte les règles canoniques : l'usure en vient à être<br />

punie à la fois par la justice civile sur plainte de l'emprunteur,<br />

et par les cours d'Eglise qui peuvent agir d'office.<br />

Mais un prêt, et la promesse d'intérêt qui l'accompagne,<br />

peuvent prendre la forme d'une vente à réméré, d'un mortgage,<br />

anciennement pratiqués ; l'ingéniosité des parties va<br />

s'employer à tourner une règle trop onéreuse à leur gré : il<br />

faudra que les juristes déploient la même ingéniosité pour<br />

déjouer les fraudes, pour analyser les contrats et découvrir<br />

leur vraie « nature », pour rechercher sous tous leurs aspects<br />

les profits usuraires ; bref, que de l'interdiction générale ils<br />

fassent procéder des règles précises.<br />

<strong>Les</strong> prêts commerciaux, entre banquiers et marchands,<br />

doivent être mis à part. Au contraire, le prêt que contractent<br />

de pauvres gens dans un moment de détresse, souvent prêt<br />

sur gage mobilier, est toujours suspect (et dès le xiv siècle,<br />

e<br />

on tentera de créer des Monts de piété). BEAUMANOIR nous a<br />

gardé le souvenir des diverses manières de prêter « à la petite

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!