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Les obligations - Histoire du droit

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114 HISTOIRE DU DROIT PRIVÉ [92]<br />

PUFFENDORF renchérit : « Chacun doit tenir inviolablement sa<br />

parole, c'est­à­dire ce à quoi il s'est engagé par quelque promesse<br />

ou par quelque convention. »<br />

[92] LA DOCTRINE DE L'AUTONOMIE DE LA VOLONTÉ.—Ces idées<br />

vont être érigées en corps de doctrine. La conséquence logique <strong>du</strong><br />

rôle assigné à la volonté est qu'il n'y a plus de <strong>du</strong>alisme nécessaire<br />

entre la société et l'indivi<strong>du</strong>, l'indivi<strong>du</strong> créant la société<br />

comme il crée le <strong>droit</strong>. La valeur morale ou sociale des fins<br />

poursuivies disparaît : il suffit que la volonté s'affirme pour que,<br />

sous la seule réserve de ne pas empiéter sur la volonté d'autrui,<br />

elle ait le pouvoir juridique de réaliser ce qu'elle veut.<br />

1° Le <strong>droit</strong> est séparé non seulement de la théologie mais<br />

de la morale. L'Ecole <strong>du</strong> Droit naturel naît d'une philosophie,<br />

celle qui nie le surnaturel, le divin ; et elle aboutit, avec la<br />

science de la législation de Filangieri (1788) par exemple, à<br />

faire perdre au <strong>droit</strong> le caractère d'un fait social pour devenir<br />

une idéologie : celle qui doit con<strong>du</strong>ire l'homme à la justice et au<br />

bonheur.<br />

2° La société civile ne peut reposer que sur des conventions<br />

et PUFFENDORF en publiant dès 1673 son livre sur Le devoir de<br />

Γ homme et <strong>du</strong> citoyen d'après la loi naturelle marque bien que<br />

l'homme est devenu désormais l'origine de l'autorité et <strong>du</strong> <strong>droit</strong>.<br />

<strong>Les</strong> indivi<strong>du</strong>s sont connus comme des êtres absolus, autonomes,<br />

qu'aucune autorité supérieure ne commande. On définit le <strong>droit</strong><br />

lui­même comme « l'autonomie de l'être humain », la faculté<br />

inhérente à sa nature de ne dépendre que de lui­même : <strong>droit</strong> et<br />

liberté sont synonymes. L'indivi<strong>du</strong> devient le maître suprême<br />

de ses opinions et de ses actes.<br />

3° Dès lors une autonomie contractuelle presque illimitée<br />

est reconnue à la volonté humaine : celle­ci est créatrice de<br />

<strong>droit</strong> ; un indivi<strong>du</strong> est lié comme il l'a voulu et tant qu'il l'a<br />

voulu. La volonté que sanctionne le <strong>droit</strong> n'a plus le contenu<br />

rationnel que lui reconnaissaient les scolastiques. LOCKE expliquait<br />

(1690) que la raison n'a plus de lien « avec la cause, et<br />

particulièrement la cause finale » : « En suivant la raison, nous ne<br />

dépendons que de nous­même. » Au XVIII E siècle, les physiocrates<br />

concevront la société comme une série d'indivi<strong>du</strong>s libres et autonomes,<br />

unis entre eux par des rapports contractuels d'échange.

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