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Les obligations - Histoire du droit

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240 HISTOIRE DU DROIT PRIVÉ [219]<br />

moins douteux que de tels titres répondaient à un besoin<br />

essentiel de la vie commerciale à l'époque où les marchands<br />

étaient encore « ambulants » et le commerce « caravanier » :<br />

un emprunteur (venu de Provins à Gênes par exemple) promettant<br />

de rembourser la somme qui lui était donnée à son prêteur<br />

ou au procureur de celui-ci (habitant Provins).<br />

Faut-il voir dans cette pratique avec les auteurs allemands<br />

(BRUNNER surtout) un caractère propre au <strong>droit</strong> germanique ?<br />

Et analyser ainsi la clause fréquente dans les lettres de change<br />

dès le xii siècle comportant la promesse de payer tibi vel tuo<br />

e<br />

certo misso ?<br />

Nous avouons notre scepticisme ; la clause ne constitue<br />

qu'un mandat de paiement et le procureur, pour recevoir<br />

un paiement valable, doit exhiber un mandat régulier.<br />

BOUTILLIER — tout en parlant de mandat et de procuratio in<br />

rem suam — admet néanmoins que le porteur <strong>du</strong> titre est<br />

« seigneur de la chose » et que son <strong>droit</strong> dérive de la seule détention<br />

<strong>du</strong> titre. Mais l'opinion paraît, à l'époque où elle est exprimée<br />

(vers 1390) fort novatrice et sans doute isolée ; elle annonce<br />

l'évolution de la lettre de change qui se pro<strong>du</strong>ira un siècle<br />

plus tard aux Pays-Bas.<br />

Quant aux romanistes, ils furent — comme semble-t-il les<br />

Italiens et les Français — toujours hostiles à ces pratiques :<br />

ils ne reconnaissaient au porteur qu'un <strong>droit</strong> dérivé, provenant<br />

d'une cession et lié à la validité de celle-ci ; ils discutent de<br />

même s'il y a cession <strong>du</strong> <strong>droit</strong> ou seulement de l'action. BARTOLE<br />

en vient à une formule qui fera fortune : la cession dans les choses<br />

incorporelles a les mêmes effets que la tradition des choses<br />

corporelles.<br />

[219] SIGNIFICATION DES CESSIONS. — Le <strong>droit</strong> coutumier<br />

était-il hostile à la cession ? <strong>Les</strong> textes <strong>du</strong> Nord (le Livre roisin<br />

de Lille) paraissent l'indiquer ; mais la pratique <strong>du</strong> Midi est<br />

nettement en sens contraire. Dès le xin siècle l'influence<br />

e<br />

romaine se fait sentir : on parle par exemple couramment de<br />

procuratio in rem suam, de cession des <strong>droit</strong>s et actions et il<br />

devient de formule usuelle que l'acheteur d'un immeuble se<br />

fasse constituer procureur <strong>du</strong> vendeur. Même dans le cas d'une<br />

clause au porteur, le porteur en vient à n'être plus considéré par

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