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Les obligations - Histoire du droit

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[74] L'ÉPOQUE FÉODALE 89<br />

l'organe de la causalité efficiente ; elle est le résultat d'une<br />

délibération rationnelle ; mais pour les hommes <strong>du</strong> Moyen Âge<br />

aussi fidèles à SAINT AUGUSTIN qu'à ARISTOTE, le libre arbitre<br />

consiste à faire le bien et à éviter le mal. Ce que l'on exprime<br />

négativement en opposant toujours nécessité et volonté : on peut<br />

obliger l'homme à faire quelque chose, on ne peut pas l'obliger à<br />

le vouloir ; la contrainte ou la violence sont exclusives de la<br />

volonté. L'adage bien connu coactus voluit, sed voluit prend<br />

exactement le contrepied d'un texte de SAINT AUGUSTIN (De<br />

<strong>du</strong>alibus animabus, X, 14, PL, t. 42, col. 1041).<br />

Ces doctrines se rattachent directement au naturalisme<br />

chrétien : c'est la raison qui confère à la nature son caractère<br />

proprement humain. Tous les scolastiques en reviennent à la<br />

formule fameuse de CICÉRON définissant la moralité comme<br />

l'habitude d'agir selon la raison et la nature (De inv., II, 53) ;<br />

mais raison et nature prennent ici un sens chrétien ; l'homme<br />

doit compte de ses pensées à Dieu qui scrute les reins et les<br />

coeurs (Ps., 7, 10). La volonté est délibération rationnelle, mais<br />

elle est aussi intention ; et c'est la qualification morale de<br />

l'intention qui va déterminer la qualification de l'acte : l'intention<br />

doit être jugée par la fin poursuivie et par sa rectitude<br />

morale.<br />

De tels principes étaient directement applicables au <strong>droit</strong>.<br />

Ils permettent en tout cas d'ordonner l'apport <strong>du</strong> <strong>droit</strong> canonique<br />

au contrat autour de quelques idées :<br />

1° Le respect de la promesse, mais aussi la liberté nécessaire au<br />

contrat qui disparaît quand la volonté est contrainte ou viciée ;<br />

2° La raison qui justifie l'acte par son but ; qui suppose<br />

que la volonté ait une cause mais aussi que l'accomplissement<br />

de cette volonté n'aboutisse pas à une chose déraisonnable au<br />

cas de changements imprévisibles des conditions économiques<br />

par exemple (cf. n° 146) ;<br />

3° La morale qui permet de scruter l'intention des contractants<br />

: dans son but et dans son objet, mais qui concerne aussi<br />

l'exécution <strong>du</strong> contrat. Le contrat ne peut devenir un lien<br />

d'iniquité en permettant à l'une des parties d'abuser de l'autre ;<br />

l'exécution de la promesse ne peut mettre en péril l'âme <strong>du</strong><br />

promettant.

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